Gloire aux justes
par Daniel Mesguich

Si tu es d'accord, que ta fille Gloire soit promise à mon fils. Peuple écouta Vérité et ils conclurent entre eux une alliance. En ce temps-là, Envie, servante de Vérité, eut également un fils, et elle se trouvait dans la maison lorsque l'armée du Chaos mit la ville à sac et enleva tous les enfants.
Vérité vit que son fils avait été enlevé et il s'en fut voir le roi Justice au tribunal où il consigna et scella devant Justice le fait suivant : " Mon fils et mon serviteur ont été enlevés par des brigands. Ainsi, afin que mon fils ne soit pas pris pour mon serviteur lorsque le temps aura passé, je déclare ses signes distinctifs. " Et Vérité les énuméra devant les juges, puis il mourut.

Le temps passa et le fils de Envie fut emmené à la maison de Imaginaire, qui l'éleva et l'appela Vanité. Un jour, Fourbe dit à Vanité : " Je vais aller dire à Peuple que le fils de Vérité se tient dans la maison de Imaginaire. Il se laissera abuser et te donnera Gloire, la promise de ton maître, pour épouse. "
Fourbe s'en fut dire à Peuple : " Que mon Maître reçoive la nouvelle qu'on a retrouvé le fils de Vérité. Il se trouve dans la maison de Imaginaire. " Peuple partit chercher Vanité dans la maison de Imaginaire et lui dit : " Voici ma fille Gloire que j'avais promis à Vérité de te donner pour femme. Prends-la et qu'elle soit ta femme, comme je l'ai promis. "
En ce temps-là, Juste, le fils de Vérité, sortit et vint parmi le peuple, mais il ne fut pas reconnu. Le jeune homme grandit de façon harmonieuse et un jour Gloire le vit et en tomba amoureuse. Mais la décision de Peuple de donner sa fille en mariage à Vanité était inébranlable.

Les jours passèrent et Vanité dit à Peuple : " Le temps est venu de me donner ta fille. " Alors, Peuple fit un banquet auquel il convia tous les gens de sa ville.
Au moment où tous mangeaient et buvaient, un grondement se fit entendre, accompagné d'un vent puissant. Le bâtiment tremblait sur ses fondations, les murs allaient s'écrouler, les colonnes menaçaient de céder et le pilier central se brisa. Les convives furent saisis d'effroi.

L'un des vieillards de l'assistance se leva et dit : " Écoutez-moi, mes frères ! Nous avons la crainte de D.ieu, et maintenant je me souviens que D.ieu se mit en colère contre cette ville et que le peuple cruel de l'armée du trouble l'attaqua et la pilla. Notre frère, Vérité, avait un fils, et le fils de sa servante était dans sa maison. Les enfants grandirent ensemble et se mélangèrent. De sorte que Vérité s'en fut déclaré les signes distinctifs de son fils devant Justice, notre roi, pour que ceci soit un témoignage éternel. Maintenant, faisons mander le livre des chroniques de Justice, peut-être y trouverons-nous que Vanité n'est pas le fils de Vérité et que ce n'est pas à lui que Gloire doit être donnée, mais au véritable fils de Vérité. "

Ainsi fut fait, une enquête fut menée et on ne trouva pas chez Vanité ces signes. On sut alors qu'il n'était pas le fils de Vérité et on le renvoya.
Intelligence, l'ami de Juste, entendit cela et il se prosterna devant les juges en leur disant : " Béni soit le D.ieu de Vérité, je vais présenter devant vous le fils de Vérité, et Gloire lui sera donnée pour femme. " Il s'en fut quérir Juste et le présenta devant Justice. Les signes furent trouvés sur lui et il fut reconnu. Justice dit alors à Peuple : " Voici le fils de Vérité à qui tu as promis ta fille. Donne-la-lui à présent. "
Juste prit donc Gloire pour femme et ce fut l'allégresse. Tout le peuple se réjouit et ils bénirent l'Éternel .