De peigne et de misère

Il nous vient du grand nord canadien, plus précisément de Saint Elie de Caxton, son village natal, source unique de ses histoires vécues et abracadabrantesques (toute ressemblance avec des personnages ayant réellement existé n'est certainement pas fortuite). Fred Pellerin, grand blond dépenaillé, cheveux en bataille, oeil pétillant sous ses petites lunettes rondes, dégaine de vieux jeune scout sympathique, est en fait un sérial " conteux " : par sa faute des milliers de spectateurs ont été frappés d'hilarité.

Voici l'histoire de Méo, le coiffeur du village ou plutôt le barbier, comme le disent nos cousins d'outre-Atlantique.

Méo tint chignon sur rue principale pendant de nombreuses années et marqua l'Histoire de son fer à friser. Au village, il veillait sur la capillarité générale. À décoiffer juste à point, il a su prendre de front tous les tenants de la raie droite et monotone. Le génie frisait la folie. Ou l'inverse. Et peu importe. Ça se tenait ensemble. Habile à trier cheveux blancs et idées noires, adepte du " peigne-shuisme " (forme de relaxation par la coiffure), il récupérait pointes fourchues et confidences, mèches trop longues et petits secrets.

Le jour où le sort de l'humanité vint se poser sur les épaules du village, ce fut Méo, fin stratège de l'incroyable, qui sut garder vive la mèche de l'espoir. Avec son accent boréal, Fred raconte comme personne, il improvise de digressions en stupéfactions. Ça scintille, ça crépite de mille étincelles, ça rigole, ça émeut, ça triomphe !