Démons

Depuis Ibsen, le théâtre nordique et son incandescence glacée fascinent. Il faut désormais compter avec la fureur de Lars Norén.
Héritier de Strinberg, successeur de Bergman, à l'instar de leurs dramaturgies qui fouaillent la famille ou le couple, il donne avec Démons (1984) une pièce implacable qui arrache l'intime au refoulement.

Il y a l'agencement millimétré donné à cette invitation entre deux couples qui tourne à la chute vertigineuse. Mais Lorraine de Sagazan ajoute une intuition qui démultiplie l'impact de Démons. Elle nous met, nous spectateurs, en abîme, elle nous fait, comme le couple 2 face au couple 1, acteurs happés dans le huis clos. Plus de " quatrième mur " pour nous abriter de la guerre en cours.

Les acteurs du bien nommé Théâtre de la Brèche exploitent le texte adapté à dessein pour en propager les ravages collatéraux. Règlement de comptes, mais lesquels ? Nous ne saurons jamais si c'est la fin d'un amour qui se joue ou sa perverse vitalité.
Telle est la déflagration Lars Norén, libérée peut-être comme jamais !