Güe, enfance d'humanité

Au temps où les villages étaient des abris sous roches, il était une fois, une femme. Elle s'appelait Güe. Ornée de ses plus belles parures de dents sculptées, de colliers de plumes, elle s'était éloignée du village de huttes de pierres et de branches. A quelques pas, les femmes du clan marchaient derrière elle portant le blanc de kaolin et la corne d'ivoire ; Dès que l'enfant sortirait de la grotte maternelle, avant d'y tracer une nouvelle encoche, les femmes enduiraient de l'argile blanche le petit corps du nouveau né.
Bientôt, Une petite fille, à pleine voix, salua le monde ! La lune s'épanouit en un halo de lumière, l'inondant de blancheur. Cette enfant, à la peau plus blanche que le blanc de kaolin fut saluée, accueillie avec danses et cris. Une enfant couleur de lune ! gage de bonheur pour le clan. Pouvait-il en être autrement ? Elle, première fille de la femme guérison, de la femme des prières, de la gardienne du feu ? Elle, fille première du chasseur le plus habile du clan ?

La fillette découvre les usages de son clan. Son père, le plus habile chasseur, lui apprend à lire les traces de pas, de pattes et les touffes de poils, à reconnaître les effluves de musc, à imiter les cris, les sifflements des animaux et du gibier. Des chants de sa mère, elle apprend les récits des chasses, les remerciements à adresser au gibier le murmure des berceuses, les onguents de guérison et les tisanes de bonne santé. Elle aime s'attarder au bord de la rivière.
Là, un soir, elle assiste à un grand mystère. Sa mère remarquera son trouble : "Ma fille, tu as vu ce que d'autres ne verront jamais, laisse moi te raconter ce que tu dois savoir."
Elle lui racontera Güe, fille de Güe, comme un secret à partager, pour l'encourager à grandir.
Et elle grandira.

MaryMyriam : Conteuse