Don Juan

à mes yeux de lecteur ainsi qu'à ma sensibilité d'acteur, le plus séduisant. Autant par le lyrisme baroque et flamboyant de l'écriture que par les inhabituelles caractéristiques de sa personnalité. Loin justement du séducteur irrésistible qu'il est chez Molière ou chez Mozart, il est ici un aristocrate décadent et las, le dernier de cette fameuse lignée, une "fin de race" en quelque sorte.

Sa sexualité "problématique" a fait de lui un voyeur ressassant des souvenirs. Son désenchantement est au-delà du désespoir. Dandy achevé, il repousse la tentation du suicide, au motif que celui-ci est "de mauvais goût". Une grande balafre sur le crâne, le bras gauche paralysé, il s'efforce, " puisque nous vivons ", de faire " semblant de vivre ". Torturer à mort la jeune fiancée que la défaillance de sa vigueur a rendue infidèle est sans doute le dernier passe-temps de son âme " trouée de vers ".JMA