Jeu et théorie du duende Les Déchargeurs - Salle Vicky Messica Affiche

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Salle
où cet événement eut lieu :
Les Déchargeurs - Salle Vicky Messica, 75001 Paris

Jeu et théorie du duende

de Federico García Lorca , mis en scène par Benjamin Barou-Crossman

Les Déchargeurs, Paris

- Cet événement n'est plus disponible à la réservation dans cette salle -

3 critiques

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kimnovak Inscrit Il y a 13 ans 51 critiques 2  
Utile: Oui Non
-RARE et UNIQUE
9/10

Nul apparemment n'a donné de commentaire sur cet évenement - permettez que je le fasse longuement et que je remercie les déchargeurs et Mireille PERRIER de nous avoir offert un tel texte- La notion de duende trouve sa source dans la culture populaire hispanique et, plus précisément, dans le cante flamenco et la tauromachie. Le terme provient du latin " dominus ", puis, " domnus " et enfin, " duen ", qui donnera en espagnol le mot " dueño " (maître). Pour le dictionnaire de l'Académie espagnole (1732), un " duende ", est le terme commun pour désigner les démons domestiques (trasgos) ; Il faut attendre 1956 pour que l'Académie espagnole l'intègre comme " charme mystérieux et ineffable " et le rapporte au flamenco, " los duendes del cante flamenco ". Il y reconnaît dès lors cette disposition spéciale rappelant la transe, où le génie, l'inspiration, vient soudainement et tout réussit sans virtuosité à l'interprète musicien, chanteur ou danseur. Dans la métaphore poétique, le duende habite les entrailles et tisse une couture diaphane entre la chair et le désir. Il est animé par la voix ou par le geste puisqu'il surgit de l'expérience de l'art flamenco, mais il s'étend à tous les domaines de l'art, à chaque fois qu'il s'agit de faire la différence entre la véritable inspiration et l'imposture. C'est Federico García Lorca, qui le fait entrer dans la Littérature à travers sa conférence " Juego y teoría del duende " prononcée en 1930 à La Havane, en 1933 à Buenos Aires et en 1934 à Montevideo. Il y construit, entre jeu et théorie, une poétique du duende qu'il sépare, à travers de nombreux exemples, de la notion de muse et de celle d'ange. Pour le poète, le duende naît de la lutte d'un corps avec un autre qui l'habite et gît endormi dans ses viscères. Quelqu'un se risque à témoigner de la vérité de son rapport avec l'art, convoque l'éveil du duende pour lutter avec lui. Dans cette lutte se disloquent la logique et le sens pour céder la place à une érotique qui possède la fraîcheur des choses qui viennent d'être créées ; mais avec le risque couru aussi d'un échec désespérant par la répétition des techniques, dans le silence et l'absence de la création en oeuvre. Le terme duende qualifie l'état d'inspiration, du cantaor flamenque, le génie du torero, les deux représentations les plus emblématiques de la culture espagnole, où la Mort culmine au firmament de l'art et de la poésie. Lorca ne considérait pas la poésie comme un genre littéraire plus ou moins esthétisant (il se serait alors contenté d'être inspiré par la Muse), mais bien comme expérience totale de vie. Poète, il le demeurait même lorsqu'il écrivait du théâtre ou de la prose. L'édition de "Juego y teorìa del duende" est la première bilingue : la traduction est excellente, mais ne peut rendre compte de l'explosion d'images et de métaphores qu'est le style de Lorca, même à l'oral. Il est donc passionnant de pouvoir se référer au texte espagnol. Le "duende", terme intraduisible, mais qui se rapprocherait de l'âme (la soul pour les musiciens noirs) n'est pas seulement affaire de toreros ou de "cantaores" de flamenco : il peut se manifester n'importe où, de Bach à Unamuno, en passant par une conférence de Federico Garcia Lorca... Ce court et beau texte est celui d'une conférence prononcée en 1934 à Buenos Aires. Le poète espagnol Federico Garcia Lorca, dans un style vif et sensible, accessible, nous montre le Duende au travers de ses manifestations dans l'art, la vie, la culture espagnole. Le Duende est une des trois composantes de celles-ci, avec l'ange et la muse. Cependant : "l'ange et la muse viennent du dehors ; l'ange donne des lumières et la muse des formes" ; "c'est avec le Duende que l'on se bat vraiment – c'est un combat et lorsque l'on atteint au " duende " c'est alors le triomphe du véritable art – l Mais pour atteindre au duende, il faut que celui-ci vous blesse, et c'est dans la guérison de cette blessure qui ne se ferme jamais que se trouve ce qu'il y a d'insolite, d'inventé dans l'oeuvre d'un homme. Le Duende ne se répète jamais." L'intelligence (de l'ange) et le style (de la muse) peuvent paraître importants au premier abord, mais ce n'est que le vent de l'inspiration (du Duende) qui nous émeut et nous rend vivant à nous-même. Ce merveilleux poète a été le premier à définir ce qu'était à ses yeux le phénomène du duende, et il parlait en connaissance de cause. En effet, si celui-ci a été repéré en tout premier lieu dans le chant et la danse du flamenco, il se manifeste dans toute oeuvre d'art, dans toute oeuvre forte surgie des profondeurs de l'être humain. " Tout ce qui a des sonorités noires a le duende" dit Garcia Lorca citant un "fils du peuple". Et ceci me semble très juste. La vibration que produit le duende, lors du Cante Jondo, celle qui se répand dans la salle, certains soirs bénis, en provenance du "tablao", a quelque chose à voir avec la magie du duende. D'une façon générale, le duende se manifeste dans toutes les grandes oeuvres d'art. C'est une force qui surgit des profondeurs de l'être et qui préside à la création artistique. Le duende est pour ma part, une sorte de transe plus ou moins forte, une énergie vitale, qui vous fait sortir de vous-même. L'artiste ne s'appartient plus. Cette force est génératrice de beauté et de clairvoyance car, dans ces moments-là c'est l'âme qui s'exprime. Il se produit une sorte de dédoublement. L'artiste n'est plus que le vecteur de cette force. Le vrai démiurge en réalité est le duende, sortez de Méphistophélès de la création artistique Cette force-là provient de la souffrance. Tous les grands artistes sont des êtres en souffrance. Et celle-ci subit une transmutation radicale : elle devient flamme, flamme de l'amour donné issue des flammes de l'enfer vécu. Lumière surgie des ténèbres. L'oeuvre d'art est don de soi. Ne nous y trompons pas : c'est un acte d'amour. Picasso disait : "je ne cherche pas, je trouve". Cette phrase, constitue à mon avis, la clef de ce qu'est le duende surgissant des profondeurs, il fait la lumière qui s'impose à tous avec une belle évidence. C'est pourquoi, il ne faut pas vénérer les artistes qui ne sont que des passeurs. Dans la vie, la plupart, sont des êtres humains comme les autres. Des oeuvres comme Guernica, tous les Van Gogh, le Christ de Dali, les oeuvres noires de Goya en fin de vie, sont des oeuvres issues du duende. C'est dans le chant qu'il est le plus tangible: Maria Callas, Edith Piaf avaient le duende. En poésie, Beaudelaire, Rimbaud, Neruda avaient souvent le duende. Dans les oeuvres littéraires, on peut déceler, avec un peu d'exercice, les passages écrits sous l'emprise d'une émotion très forte. Ce sont ces passages qui fondent l'oeuvre. Et le duende ? Où se tient le duende ? Sous l'arche vide passe un brise mentale qui souffle avec insistance sur la tête des morts, en quête de nouveaux paysages et d'accents inconnus ; une brise qui a l'odeur de la salive d'un enfant, de l'herbe écrasée et du voile d'une méduse, et qui annonce le baptême sans cesse renouvelé des oeuvres qui viennent d'advenir.dit Lorca à la fin de son texte- EH bien le duende on l'a bel et bien trouvé dans ce spectacle- Merci aussi à billereduc
# écrit le 26/12/13


arietty Inscrite Il y a 14 ans 251 critiques 5  
Utile: Oui Non
-moyen
un geste ou un mouvement pour chaque mot ou presque, c'est trop surtout pour du FG Lorca le texte est un peu écrasé
# écrit le 08/12/13 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com


LYRE Inscrite Il y a 16 ans 874 critiques 39  
Utile: Oui Non
-très difficile à suivre
6/10

le texte est très complexe et souvent hors de portée vu toutes ses références culturelles et sa richesse. Cela accroît d'autant le mérite et la qualité de cette comédienne à la diction parfaite.
# écrit le 13/11/13 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com


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