C'est ridicule mon amour

Malgré le charme "scandinavement" ikéa propre(très propre) à toutes Galeries contemporaines ,je me suis enflammée de l'intérieur et une fois encore pour le texte et l'interprétation de Brigitte Mougin qui possède le don véritable d'écriture,la fluidité du corps,l'expressivité du regard,la diction qui conduit à l'addiction auditive...Tout avec cette excellente comédienne devient réel et captivant.Il suffit de quelques accessoires ,d'une musique choisie et d'un simple éclairage pour que la Magie opère.C'est la deuxième création que j'ai le privilège de découvrir et croyez moi , je suivrais le travail de cette comédienne parce qu'il le vaut" plus que bien!"J'aime il est vrai, aller à la découverte d'artistes "de l'ombre",parfois déçue mais jamais sans tendresse. Avec cette création théâtrale de Brigitte Mougin"c'est ridicule, mon Amour",il ne me paraît pas absurde ,encore moins sur-réaliste de dire qu'il est des plaisirs cachés de l'intime ,des maisons closes des mots d'humour pour des travailleuses du texte loin, bien loin du vulgaire abattage médiatique et de la culture sous vide sidéral(cérébral aussi) ,si souvent servis

Brigitte Mougin sait parfaitement donner leur "trop-plein d'amour" aux personnages qui jalonnent les récits qu'elle met en scène.. Ceux des auteurs : Jelinek, Sand, Cuypers, Nietsche, Becker. Comme ceux qui émaillent les textes qu'elle écrit elle-même : "Tous les jours les enfants grandissent, Ne dîtes rien, Aller simple pour Rivabella. " Dans son texte "C'est ridicule mon amour" qu'elle a écrit plus récemment et qu'elle interprète, on retrouvera cette façon joviale qu'elle a de nous parler avec légèreté et avec beaucoup d'humour d'une femme qu'elle nous livre, naturelle et touchante d'émotion. Elle raconte une femme. Une femme sans nom. Elle n'a pas de nom car prosaïquement elle est seule donc nul ne l'appelle (logique !), mais c'est surtout parce qu'elle est plusieurs personnages à la fois. Puisqu'elle mélange sa propre vie avec celle de sa mère, de son mari. On pourrait se dire qu'elle est une sorte de toquée ambulante, "aux avant postes d'Alzheimer". On se tromperait cependant. Cette femme dit ce qu'elle a à dire et à penser avec une franchise qui désarme. On se délectera de son bon sens qui permet l'expression d'une dramaturgie qui puise dans les ressorts du théâtre de l'absurde (ce qui provoque l'hilarité) comme dans ceux de la théâtralité des sentiments avec la gravité (ce qui provoque l'émotion.) Brigitte Mougin explore fort joliment cette posture qui consiste à changer facilement de décision, de sentiment ou de comportement. Pourrait-on dire que cette femme qui ne parle jamais d'elle se nourrit de sa propre manipulation ? Pour parler de soi, certains utilisent une forme indirecte, ils vous parlent des autres, des personnes qui vous entourent. C'est ce qu'elle fait. Ensuite, elle semble endosser la vie des autres dans la mesure où elle ne discerne plus trop si elle a vécu ou pas ce qu'on lui a raconté. Le jeu enlevé et rythmé de la comédienne souligne la forme narratrice de l'auteur ce qui crée un effet comique, prélude à la comédie dramatique. Et la dramaturgie pose cette question : "C'est ridicule notre amour ?"