C'était un samedi

Très belle évocation de l'arrestation des juifs et des camps en Grèce mais aussi de l'attitude à tenir entre compromis et résistance

Dès avant les premiers mots et jusqu'aux salutations au public et à la mémoire des disparus, une intense émotion est omniprésente. Le texte (en grec, mais avec sur-titres très lisibles) dans sa simplicité mais aussi sa force, admirablement dit et joué dans ce magnifique "one woman" show, est d'une rare justesse pour évoquer d'abord la vie des Juifs de Ioanina jusqu'à la guerre, puis le drame de leur extermination. Un spectacle dur, mais remarquable, parfaitement servi par le dépouillement du jeu de l'actrice et par la mise en scène.

Grâce aux chants, aux statuettes qui sont de véritables partenaires de la comédienne et surtout à la comédienne elle-même, qui est exceptionnelle, nous assistons à un spectacle-récit qui est en même temps du théâtre. La scénographie est très belle et la comédienne tour à tour nous fait sourire et nous émeut tout en nous livrant un aspect peu connu de l'histoire de la persécution des juifs pendant la deuxième guerre mondiale. Fotini Banou est tellement vivante qu'elle adoucit le propos sans l'édulcorer. Pas étonnant qu'Ariane Mnouchkine ait accueilli ce spectacle dans son théâtre.

Un incroyable seule en scène qui,a la dernière parole,vous laisse sans voix. Une maîtrise absolue, un jeu scénique époustouflant, Fotini Banou nous entraîne à la découverte de ce pan d'histoire peut etre méconnu par certains. Son interprétation dont les nuances se ressentent ,totalement,est absolument bouleversante, d'une justesse incoyable. Le fait que ce spectacle est joué en grec ne dérange en rien car le surtitrage est efficace. La mise en scène très inventive avec ces onze figurines incroyables, le jeux de lumiere, les chants et l'interprétation de Fotini Badou honorent le souvenir de tous ces disparus. A ne pas rater....

Le spectacle commence dans la douceur d'avant les nazis, quand se mêlent la banalité du quotidien et les éclats des controverses politiques. Le rythme est alors lent mais pas sans vie, les personnages sculptés nous offrant du très beau théâtre d'objets. Second temps : les images filmées du nazisme. Douche froide. Troisième temps : la lutte, parfois l'illusion de la collaboration aussi. La lutte encore, jusque dans les camps d'extermination. Je n'en décris pas plus. Vous apprécierez la force de la fin. La qualité de ce spectacle ne tient pas seulement au talent de la comédienne et chanteuse Fotini Banou mais aussi à la qualité de la mise en scène d'Irène Bonnaud. Il était casse-gueule de proposer un spectacle avec une seule comédienne donné en grec surtitré; pourtant, Irène Bonnaud nous offre là du vrai et grand théâtre.