Dan Då Dan Dog

Me voici en étrange situation : celle d'avoir fort apprécié un spectacle sans être certain d'avoir saisi l'intention de l'auteur, en tout cas de l'avoir saisie complètement. Il s'agit d'un conte. Quelle en est la morale ? Je ne saurais le dire et me sens incapable de dire où Rasmussen Lindberg a voulu en venir avec cette histoire de mort de chien. Peut-être s'agit-il de dire que notre libre-arbitre n'est rien face à la destinée ou aux hasards de la vie. Peut-être. En revanche, sur le plan formel, il s'agit d'une vraie réussite. Produit de l'écriture originale, de l'adaptation ou bien de la mise en scène - peu importe ! -, le défi est relevé : un récit déstructuré et faisant fi de toute trame chronologique finit par être parfaitement clair; après le spectacle, on sait raconter l'histoire, on sait ce qui est arrivé à ce chien, à ce " dog " du Dan Då Dan Dog. La part de mystère issue de la déstructuration du récit mais aussi de la scénographie et des éclairages se dissipe avec le dénouement de la pièce. Surtout, la mise en scène est pleine de créativité ; elle sait intelligemment faire appel à la machinerie et aussi à des solutions très simples mais fort astucieuses (celle choisie pour représenter le chien est une merveille théâtrale). Le jeu des acteurs est tout en subtilité et nous rend parfaitement l'humour fataliste et désabusé de la pièce. Étrange, certes, étrange mais réussie !