Duo de pianos Ludmila Berlinskaïa - Arthur Ancelle

On dit le dialogue essentiel au sein du couple. Que dire de celui entre Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle, compagnons à la ville et complices sur scène ? Leur prestation du 10 janvier 2017 à Paris est un délice d'entente et une merveille à écouter. Avec sa transcription de la Sonate en si mineur pour deux pianos, Saint-Saëns s'attaque à un sommet. Et le piano de son ami Liszt sonne déjà comme un orchestre... Maître es couleurs et volumes, Saint-Saens érige un édifice puissant, profond et contrasté. Avec force, ensemble et phrasé, le duo en sculpte et éclaire tous les motifs et les reliefs. C'est déjà le plat de résistance de la soirée. Mais ce n'est pas fini. Le couple ingénieux lance un galop fantasque : la Danse Macabre de Saint-Saëns/Liszt/Horowitz/Ancelle nous entraîne à la suite des artistes, heureux de cette escapade accomplie. Puis Debussy s'invite : le Prélude à l'après-midi d'un faune est empreint d'une grâce légère et ouatée. Le duo flotte dans l'air de Cortot. La Plus que lente parodie et amuse, avec sens et toujours le même refus de l'effet pour l'effet. Sans doute pressé de vivre et partager ce bonheur sur scène, le couple s'est mélangé les crayons dans les éditions jaune et noir signées Durand. La Valse de Ravel remplace avec un savant mélange tendre-grave l'Apprenti Sorcier de Dukas. Et c'est tout simplement l'autre sommet de ce programme immense. En bis la Berceuse de Aubert nous charme avant que la Variation de Lutoslawski sur un Caprice de Paganini nous laisse pantois. Et un nouveau sommet de sa recette du bonheur.

Une concert absolument fabuleux ! quels souffle, énergie et incroyable délicatesse à la fois dans ces interprétations. Deux artistes à suivre très attentivement.