L'Envol de Solibo

J'avais vu, en préalable, le "fossoyeur "également adapté du Roman de Patrick Chamoiseau et interprété par Franck Sylvestre."L'envol de Solibo" m'a été rendu curieusement plus accessible.Je m'en suis ouverte à L'Artiste en fin de spectacle ou nous n'étions (quelle tristesse) que trois en salle ( un inaccepatble incident: deux personnes,visiblement en état d'ébriété qui n'auraient jamais du être autorisées à venir,ont perturbé l'Artiste (Franck Sylvestre nous a confessé avoir été gêné car ces gens ont fini par partir,bruyamment ,en milieu de spectacle avec un mépris pour nous tous(en douze ans de fidélité à L'Essaion en ma qualité d'abonnée, je n'avais jamais assisté à chose pareille.Je referme cette parenthèse pour reprendre Solibo à l'envol.Je vous parlerai des fourmis manioc coupeuses de feuilles dans ce récit, sur le sol Martiniquais alors qu'elle sévissent en Guadeloupe et,dans une moindre mesure, en Guyane.Anachromisme me direz vous?pas vraiment car il faut garder à l'esprit que ces îles "soeurs" ont été frappées par l'esclavage et nous pouvons supposer que ces fourmis, "pionnières"par ailleurs de la bioagriculture(générant un compost qui, après dé composition engendre un champignon dont la "colonie"toute entière, se nourrit,ces fourmis sont à la fois gardiennes de la dépouille de Solibo et dépositaires d'une histoire commune.J'y vois une résistance à l'opposition à la culture intensive,qui fait fi d'un temps ou l'homme, proche et à l'écoute de la nature, vivait en harmonie .Nous retrouvons cette notion d'équilibre perdu dans le Fossoyeur.Je ne vais pas ici faire une "dissection""coupe-feuille du texte mais tous les symboles sont d'importance et nous devons garder à l'esprit(les esprits sont très présents dans chaque éléments de la nature(ref à l'animisme,donc aux racines)que le côté violent du conte ou le "fantastique" est omniprésent,ne peut être décorellé du devoir de mémoire à propos de l'esclavage et de ces ravages sur les îles soeurs, à l'image des fourmis venue protéger la dépouille de Solibo.Enfin je ne prendrai qu'un dernier aspect de ce conte la parole et le silence.Nous revenons à la richesse de l'oralité,la propagation des connaissances ancêstrales ,de ce lien entre le conteur(l'homme) et la nature mère,la notion de temps et, ici ,c'est la modernité et ses excès qui vont avoir raison de la transmission orale,richesse vivante des hommes.L'apparition des images(de synthèse), de la télévision fait disparaître les conteurs de villages qui à la vitesse du vent et au son des tambours en peau(communication des esclaves entre eux ) parlaient en sages à l'ombre du Tamarinier,guerrisseurs des meutrissures de l'âme et du corps,libérés des entraves ,des chaînes...Franck Sylvestre sait rendre ce récit vivant,drôle,il nous emporte.Nous sentons, voyons et notre imagination fait le reste.Franck Sylvestre le Magnifique! Franck Sylvestre un travail remarquable d'adaptation et sans doute de réecriture ce qui n'est pas chose aisée pour rendre à la fois un texte audible à tous et respectueux des trésors qu'il recèle.Le talent de Franck Sylvestre parvient à faire que la magie opère et cela s'appelle le talent!Envolez vous!