Les larmes amères de Petra von Kant au Bourg-Neuf

CELLE QUI VOIT TOUT SAIT TOUT La grande styliste allemande Petra von Kant vit seule avec Marlène, sa domestique. Une relation ambigue les unit. La jeune Karine fait irruption et devient l'unique objet de désir qui obsède Petra. Ne discernant plus l'amour de la possession, Petra sombre dans le désespoir le plus total. Marlène observe et se tait¦ Témoins de cette folle passion, nous sommes projetés dans un univers esthétique et sonore où la sensualité sublime une réalité douloureuse.

La pièce condense tous les thèmes chers à  Fassbinder. La société de consommation considère l'argent comme moyen d'obtenir et de posséder, même lorsqu'il s'agit d'une personne. La frontière entre amour et possession, soi et autrui, est une question obsédante qui traverse toute l'oeuvre cinématographique et théâtrale de Fassbinder. Comment aimer sans devenir dépendant, sans se perdre ? On voit que l'amour pour Fassbinder est, comme l'alcool, une tentation dangereuse où l'équilibre est menacé. Si il a choisi d'aborder ces questions dans une pièce où seuls des personnages féminins interviennent, c'est que pour lui la femme est une figure exacerbée de la condition humaine. Les six personnages, aussi bien dans leur comportement que dans leurs propos, sont autant de questionnements sur le pouvoir, l'oppression, la domination, la soumission, l'alcool, l'argent ou la valeur marchande dans le désir amoureux.

Compagnie Croc en Scène Titre original : Die bitteren Traenen der Petra von Kant (1972)