On ne badine pas avec l'amour Théâtre 95

Textes débités à toute vitesse ; (devait-on libérer la salle à une certaine heure ?) Il fallait tendre l'oreille pour essayer de saisir la finesse, la beauté du texte de Musset. Des rajouts de mauvais goût (Putain, Bordel). Un décor minimaliste et laid. Quelle déception !!

J'ai vu ce spectacle mercredi soir : quelle épreuve ! Les comédiens (?) vocifèrent ou récitent platement, selon les cas, avec pour unique décor un garage (?) ou un atelier de mécanique (?) dans les années 80 (?). Le texte de Musset est, en apparence, respecté à la lettre, à part quelques "putain!" et "prends ça dans ta gueule! " ajoutés çà et là pour faire plus actuel, et qui sont d'ailleurs les seuls mots à provoquer un vague sourire parce que les seuls qui sonnent à peu près vrai - un vrai gâchis pour ce texte, qui fourmille de répliques si spirituellement drôles ; il est, en fait, anéanti, puisqu'on ne l'entend pas, il ne nous parvient pas : ça sonne faux tout du long, c'est récité bêtement, mou - même dans l'hystérie -, imprécis, pire que dans un mauvais cours de théâtre. Seule la comédienne qui joue Rosette surnage tant bien que mal dans ce désastre et tire son épinglette de l'absence générale de jeu. Dans la mise en scène (?), tout paraît brouillon, illisible, bâclé, sans pensée ni parti-pris, sans rythme, sans drame... sans vie. La pièce ne s'en relève pas. Amis de la poésie... En quittant le théâtre, on se demande quelle mouche a bien pu piquer le metteur en scène, de traiter avec autant de désinvolture et de brutalité cette pièce, si belle mais si délicate - à tous les sens du terme. Il vaut bien mieux, à mon avis, la lire ou la relire dans son fauteuil... et oublier ce spectacle calamiteux. Non sans se poser tout de même cette question, importante pour nous autres public de banlieue : dès lors qu'il s'agit de pièces classiques, théâtre de proximité doit-il fatalement rimer avec nullité ? J'espère bien que non.