Oreille rouge

"Lorsque l'Européen pose le pied sur le sol africain, il est d'abord désemparé. En attendant, il vient de recevoir son passeport.
J'ai dû le faire refaire, dit-il.
Mais c'est évidemment la première fois qu'il possède un passeport. Il attrape l'objet plat par un angle et l'agite devant son visage, puis tapote avec la paume de sa main gauche. Il caresse du bout des doigts la couverture lisse et luisante, très légèrement grenue. Jusqu'alors il n'avait connu ces sensations extrêmes qu'en dorlotant son livret de caisse d'épargne."

Après le succès de "L'Or" de Blaise Cendrars et des "Raisins de la colère" de John Steinbeck, Xavier Simonin continue le voyage mais dans un autre genre, embrassant cette fois, avec humour et gourmandise, l'univers d'Eric Chevillard qu'il affectionne.

La piste sera africaine et cela n'est pas un hasard. Xavier Simonin, quand il n'est pas sur scène, préside l'association Globe, distinguée par le Forum de Paris sur la Paix comme exemple de bonne gouvernance mondiale. Ses activités d'accès à la culture et à l'éducation se situent en Afrique sub-saharienne, là où il a grandit, dans ces espaces qu'arpente fièrement Oreille rouge, héros de poche d'une épopée saugrenue.

La langue d'Eric Chevillard, libre, inventive, percutante est un bonheur de comédien, l'Afrique un décor plus grand que nature. Xavier Simonin espère offrir au public avide de théâtre une voie royalement drôle pour plonger tout habillé sous le soleil de la brousse et dans l'une des oeuvres les plus singulières de la littérature française contemporaine.