Sages comme des images

Au début, j'avoue avoir eu "peur" de tomber dans le burlesque et le "grand guignol" lorsque nous avons été accueilli par les comédiens comme "à la Criée". Puis s'installe un style enjoué, et au final sincère et profond, relatant le pris parti des auteurs. L'acteur qui se travestit et vraiment drôle et touchant. Bravo !!!

J'ai beaucoup apprécié ce spectacle, les trois acteurs sont excellents. Il s'agit d'une reprise de textes de Dario Fo et Franca Rame sur la condition des femmes dans l'Italie des années soixante-dix. Cette pièce dont le titre original était "orgasme adulte échappé du zoo" avait fait à l'époque l'objet de tournées de spectacles partout en Italie pour financer la cause féministe. Femmes sous la coupe des hommes, victimes du machisme et qui se rebellent ou non, ces récits ont le mérite de rappeler une partie de notre histoire pas si lointaine, celle des combats féministes. Sont-ils encore pertinents aujourd'hui ? Personnellement je le pense. C'est l'occasion de réfléchir à ce qui a évolué, au chemin parcouru et à la direction de ce chemin. La dernière partie est consacrée à un extrait de la "Médée" d'Euripide : femme abandonnée pour une plus jeune et qui refuse d'accepter cette fatalité sociale, elle parle de l'injustice du regard masculin sur la femme veillissante. Si vous croyez que la tragédie grecque c'est ennuyeux, oubliez vos préjugés; cette Médée-là est bouleversante et incroyablement proche de nous ! J'ai vu ce spectacle dans les premiers jours du Festival d'Avignon. Ne vous fiez pas aux jolis tailleurs et aux chignons crêpés des années soixante dans lesquels vous croiserez les actrices en ville - une fois le prologue (un peu long à mon avis) passé, les masques tombent pour laisser la place à une parole sans fard et à des portraits forts. La place faite aux hommes vous réserve une vraie surprise avec Gregory Corre dans un rôle dans lequel on ne l'attendait pas - ça fonctionne et ça questionne. La Médée de Rebecca Bonnet est absolument bouleversante.