Trilogie du cendrier

Opéra Bu, deuxième volet de cette trilogie, montre une certaine force d'écriture : on suppose que c'est la continuité de "Si bleu si calme" mais ça permet aussi au quidam de prendre le train en route. L'écriture est résolument moderne et fantasmagorique, et grâce au talent des deux comédiennes prend toute sa dimension pour nous montrer une autre façon de voir les choses : il ne faut pas chercher à comprendre mais ressentir les émotions et se laisser emporter

C'est connu : après un certain degré d'imprégnation alcoolique on voit double... et si l'éthylisme menait à la double vue ?...!.... Les mots tordus, distordus créent soudain un surprenant imaginaire d'où émerge des lambeaux de phrases comme des échardes de réel. Spectacle surprenant et un peu déroutant qui chemine un peu sur le même sentier que "le roucoulement des hommes". Les deux comédiennes occupent bien leur espace scénique et présentent une belle prestation de travail lyrique. Pas évident, en effet, de jouer les "éponges imbibées" et de chanter juste et fin ; et pourtant elles mènent leur prestation de bout en bout. Un théâtre pas évident car il oblige à réfléchir en se dissimulant derrière une apparente incohérence très bien construite.

Si bleu, si calme : un vrai plaisir. On en redemande de ces petites scènes pétillantes. Quel entrain ! Non ce n'est pas calme. Vous rigolerez franc... et jaune parfois. A voir (note 8/10). Opéra bu : alors là... ! Deux comédiennes fascinantes qui jouent avec les mots, les notes. En fait, c'est simple, c'est nous qui buvons... leur parole. Il faut tout simplement se laisser porter par les mouvements de leur corps et de leur texte. Une véritable ivresse. Il faut le voir (note 9/10) Boulevard : grand classique du trio Mari/Femme/Amant ? Pas vraiment ! C'est plutôt différent. Agréable, bien que j'ai personnellement moins eu de plaisir. Et pourtant, on se marre ! Conclusion : 3 spectacles agréables et de bons acteurs qui jouent juste et vrai !

J'ai d'abord cru qu'il fallait voir les trois pièces pour y comprendre quelque chose, mais j'ai compris sur place qu'il s'agissait de trois histoires reprenant les mêmes personnages à trois âges de la vie. Je n'ai vu que _Si bleu, si calme_ - qui porte le numéro 1 dans le cycle et je suis resté admiratif. Non seulement les comédiens sont plus vrais que nature (on est totalement avec eux du début à la fin) mais le texte a l'élégance de ne jamais dire directement les choses : on tourne autour des vrais problèmes (lorsqu'on ne le peut plus, en général, le personnage explose). L'équilibre est funambulesque et enthousiasmant entre l'amour évident qui lie les personnages et leur difficulté à communiquer simplement - sans parler de l'affrontement presque constant dont ils ne peuvent s'empêcher. Je vais essayer de voir les autres. Si tout est du même tonneau, je vais me régaler !

Au cours du spectacle, l’une des actrices sort une phrase qui est en effet le slogan de cette pièce : « Quand on a rien à dire, il faut le dire quand même pour que les autres t’entendent… » Personnellement, je crois que quand on a rien à dire, il vaut mieux se taire ! Je n’arrive pas à comprendre comment on peut écrire les « œuvres » pareilles, d’autant plus je ne comprends pas pourquoi les acteurs acceptent de les jouer (il y a que les liens familiales qui peuvent l’expliquer). Cette œuvre représente une longue suite de discours sans logique où les morceaux ne sont pas liés entre eux. Dans la psychiatrie c’est l’un des symptômes de schizophrénie… je suppose que la logique de l’auteur frôle un peu cette maladie et imposer aux spectateurs de regarder une telle misère littéraire était une décision vraiment très inhumaine.

Ça fait du bien de voir que la TRILOGIE DU CENDRIER déclanche de telles passions et de tels engouements;cela me donne envie de la voir dans sa totalité; de découvrir cet auteur si étrange , si exceptionnel,si extra-terrestre; enfin du nouveau! de l'incongru! du non conforme! Merci,j'ai déjà réserver pour mes amis et moi.(comme j'aurais aimer être une de ces deux comèdiennes virtuoses!)

Et le gagnant est …. Opéra Bu. De toutes les pièces que j’ai déjà vu c’est de loin la plus mauvaise. C’est dommage qu’on ne puisse pas mettre des notes négatives parce les autres pièces que j’ai notées sévèrement confinent au génie à coté. Comme quoi il ne faut jamais sous estimer la créativité des mauvais. Histoire sans trame, amoncellement de mots sans signification, il doit pas y avoir 3 phrases de suite pouvant faire croire à un discours cohérent. C’est vraiment l’exemple type de pièce moderne « prise de tête » où l’obscurantisme est voulu pour donner un air de supériorité à ceux qui font semblant de comprendre. Par ailleurs, c’est très mal jouer, je conseille aux actrices de se bourrer réellement la gueule avant de jouer ça gagnera en réalisme, ça leur donnera des excuses dans les dîners entre acteurs incompris et en plus, il y aura un parfum de scandale ( à défaut de génie). Enfin, il faut se rendre à l’évidence, l’auteur est un génie méconnu que je ne mérite pas.