Trois, précédé de Un et Deux

A travers sa trilogie, Mani Soleymanlou, qui était déjà venu présenter son superbe "UN" il y a trois ans, questionne avec une intelligence rare la question de l'identité. Dans le premier volet, seul sur scène, il nous raconte son parcours, celui d'un jeune Iranien dont les parents ont émigré en France pour fuir le régime de Khomeini avant de l'emmener vivre au Canada, pays où il s'est véritablement construit. Mais en se sentant à la fois citoyen d'ici et d'ailleurs. Dans "Deux", il fait du théâtre dans le théâtre en faisant mine de faire interpréter un par son complice Emmanuel Schwartz. Leurs invectives mutuelles vont approfondir l'investigation. Dans "Trois, c'est désormais 36 comédiens qui sont réunis, qui racontent des bribes d'eux-mêmes. Natifs de la terre où ils vivent ou d'une autre, ils montrent tous la complexité qu'il y a à se définir, le tout ponctué par les désopilants "proverbes togolais" de l'un d'entre eux présenté comme le dramaturge de cette représentation un peu hors normes. Il y a beaucoup de finesse dans ce spectacle de plus de 4h30 qui prend aux tripes et aux émotions, beaucoup d'humour aussi, beaucoup de questions qui trouvent une réponse et beaucoup d'autres qui n'en auront jamais. Il y a aussi une immense part d'humanité, celle que l'on oublie parfois de vivre avec ceux que nous croisons. Et si ce spectacle réussit un vrai tour de force, c'est bien celui de nous rappeler que nous avons tous vocation à vivre ensemble, en s'enrichissant de nos différences, quelle que soit notre passé.

Le propos et la forme pourraient paraitre clichés mais c'est traité avec honnêteté et ça se sent. Donc j'ai aimé, ce coté revendicatif, actuel, ce groupe sur la scène. Une belle force, nécessaire et simple. Les lumières étaient très belles aussi. Merci pour ce beau moment.

La volonté d'enchaîner les trois m'apparu dans un premier temps un peu osé. C'est un peu long, mais très intéressant. Cette discussion autour de l'identité est forte et percutante. Trois est un sommet malgré l'heure un peu tardive, la troupe est de qualité avec une belle mise en scène. Des moments forts. À voir

Ce triptyque est tout à fait intéressant, avec une belle brochette d'acteurs, à ;commencer par l'auteur bien sûr, mais aussi (surtout ?) Emmanuel Schwartz. La progression d'une pièce à l'autre est bien mené, et évite à peu près les pièges de la redondance. Le "Trois" explose par moment des dans feux tout à fait réjouissants, où les comédiens peuvent donner leur pleine mesure, dans un temps très court ! On s'amuse parfois, on est plus grave à d'autres moments. L'émotion est (un peu) là, mais elle aurait pu être nettement plus présente.