Une journée particulière

J'ai passé une excellente soirée, quelle pièce magnifique ! Les acteurs nous emmènent dans l'univers d'Ettore Scola avec une rapidité étonnante pour ne plus nous lâcher jusqu'à la dernière seconde. On rit beaucoup, on pleure aussi, que d'émotion ! Aucun temps mort, le rythme est soutenu, on est captivé. Rebecca Bellity colle à la peau de son personnage et Alberto Marchini est tout simplement magnifique. Les rôles secondaires ne sont pas en reste, Christelle Garcia en gardienne plus vraie que nature et Nuno Becker en mari odieux sont excellents. Un grand grand bravo à Giovanni Savoia et ses acteurs qui m'ont fait passer un très très joli moment de théâtre.

Cette pièce d'Ettore Scola est magnifique. Le sujet est brûlant, les dialogues très fins et les acteurs terriblement émouvants. Je suis allée à la première et l'émotion fut intense. Les acteurs nous font naviguer avec sensualité du rire aux larmes en un clin d'oeil. On ressort de cette pièce sonné et le sourire aux lèvres.

Difficile d'adapter un film en pièce de théâtre... Assez périlleux, même. Et souvent cela donne quelque chose d'assez boiteux, voire même casse-gueule... Mais là, c'est de la bel ouvrage. " UNE JOURNEE PARTICULIERE " est une pièce à aller voir ABSOLUMENT. D'abord pour l'histoire. Une femme, Antonietta, opprimée et soumise aux caprices d'un mari macho et de ses six enfants ingrats et indifférents. Et Gabriele, un intellectuel homosexuel rejeté par une société fasciste qui le considère comme un parasite. C'est l'histoire de leur rencontre - le jour d'une autre rencontre, Mussolini et Hitler -, où ils trouveront un instant de répit, où pour quelques heures enfin, ils se sentiront moins seuls. C'est l'histoire de cette journée particulière. Et il y a les acteurs, Rebecca Bellity et Alberto Marchini parfaitement habités... Nous offrant ce moment de poésie avec passion et humilité. Nous faisant passer du rire aux larmes sans aucun remord, les bougres !! Ayants l'intelligence de n'aller rien chercher avec quelques effets trop faciles. Tout fonctionne grâce à leur générosité et leur enthousiasme. Et je ne parle même pas de l'alchimie qui s'opère entre les deux personnages, c'est juste magique ! Sans oublier, bien sur, Christelle Garcia Moya et Nuno Becker dans des seconds rôles parfaitement maîtrisés et indispensables. Et quand je parle d'indispensable je parle, bien entendu des personnages comme de ces merveilleux acteurs. Bref, voilà une troupe d'acteurs n'étant pas juste en représentation mais évoluant sur scène comme si leur vie en dépendait et jetant, à qui voudrait bien les recevoir, toutes leur émotions leurs passions et surtout leur talent. Puis, pour finir, la mise en scène (Giovanni Savoia), sans aucune fioriture excessive, nerveuse, astucieuse, encore une fois sans aller chercher aucun effet. J'y ai vu une sorte de regard froid sur nos deux héros fanés par la solitude. Tout est axé sur l'émotion, quelle qu'elle puisse être et il me semble, alors, que nous n'avons que l'indispensable. Tout le reste n'aurait été que littérature et, pire, masturbation intellectuelle. Il faut aller voir cette pièce si l'on aime que ça chatouille là où il faut... Au coeur et aux trippes... En somme, à l'essentiel.

La prochaine fois je voudrais vous parler un peu plus aussi. Il y a tant de choses à apprendre chez vous. Les détails comme la communion par les graines de café, les émotions qui se voyaient par les "fenêtres." M. Tcherkasski parle l'anglais et le russe, mais je ne sais pas s'il parle le français. Mais, comme vous avez probablement compris, je serais bien aise de vous servir comme interprête si on était à St. Petersburg en même temps. (et il y a sans doutes beaucoup de gens qui puisse parler le français là.) D'entendre vos conversations serait comme l'atelier du siècle. (Peut-être il viendrait à Paris aussi si on l'invitait bien en avance.) Je rêve d'avoir le plaisir de faciliter la rencontre de deux grands maîtres de théâtre, de Stanislavski. Je reste inspirée par votre pièce. On a même fait des scènes basées sur l'histoire (en classe ici). La femme qui montrait son besoin, son désire, et l'homme qui appréciait la personne, au lieu de la femme comme amante. C'était une exercise très utile et profonde pour mes élèves. On l'a fait comme scènes sans mots, ne que des gestes, que des regards (dans la cuisine de M.). Merci encore. Amicalement, Valerie NAVARRO