Dom Juan

Aussi vrai que 2 et 2 sont 4, cette interprétation à la fois moderne et respectueuse pose la question du libertinage aujourd'hui sans jamais trahir Molière. Osez y aller, comme Anne Courureau a osé renouveller le genre.

L'ambiance de ce Dom Juan très actuel m'a tout de suite happée. Les décors minimalistes et pourtant si riches grâce aux subtils jeux de lumière. La mise en scène très surprenante mais qui ne joue jamais la carte du démonstratif. Et surtout le texte de Molière paraît sortir tout naturellement de la bouche des comédiens pour la plupart jeunes et déjà très doués. A noter la prestation très tourmentée de Dom Carlos, incarné par Kévin Rouxel, qui révèle un fascinant jeu de miroir inversé de Dom Juan. A ne pas rater !

Un classique à voir ou revoir tant sa mise en scène est cinématographique et ses acteurs sont justes et drôles. Ici, le texte continue de nous questionner sur la nature humaine.

Un moment très pénible que ce Dom Juan proposé par Anne Coutureau tant il y a, de tout côté où l'on se tourne, de mauvaises surprises. Une scénographie et des costumes disgracieux, une bande-son virulente et maladroite, des acteurs qui sont, au choix, de bons techniciens du théâtre mais qui cabotinent, ou tellement geignards que cela en devient gênant pour le spectateur. La mise en scène pose comme postulat un Dom Juan d'un érotisme irrésistible et d'une force physique hors du commun (dans ses nombreux "combats") tout en faisant le choix d'un acteur vieillissant face à des jeunes filles tout juste pubères ou des rivaux deux fois plus grands et plus jeunes que lui. Sauf qu'aucune justification scénique ou dramaturgique n'est fournie pour expliquer ce choix fort. On assiste donc impuissant à une mascarade où on nous aurait conviés de force. La pièce de Molière, incomprise, en ressort affaiblie et triviale.