L'Aiglon

Le texte, c'est du Rostand, donc une langue d'une richesse extraordinaire, mais ce qui fait le caractère exceptionnel de ce spectacle, c'est la force et la qualité d'interprétation de trois comédiens qui vont jusqu'à la limite de leurs forces pour servir ce texte. Spectacle inoubliable

Super mise en scène qui porte et parfois allège un très beau texte, le tout dans l'ambiance intimiste. Tous les personnages sont très bien joués par les trois comédiens, qui, en plus se rendent disponibles et très à l'écoute à la fin du spectacle, j'ai passé une très bonne soirée !

C'est un défi de monter l'Aiglon, en 1h40, avec 3 acteurs pour une multitude de personnages, et de faire raisonner les alexandrins d'Edmond Rostand dans une petite salle parisienne. Défi relevé par cette jeune troupe qui nous invite à la suite du duc de Reichstadt. On est parfois un peu dérouté par les changements de personnage et de ton (entre mise en scène résolument moderne et diction plus classique) mais ça fonctionne et on découvre ou redécouvre cette oeuvre avec plaisir.

Le cadre est charmant : une boîte à chaussures, où mon peut toucher les comédiens. La langue est sublime : c'est du Rostand, bien servi, retouché de ci de là pour le faire rentrer dans le défi des 90 minutes, sans révérence inopportune. Quelques regrets personnels sur des coupes : l'absence de la scène du tailleur, du monologue de Marmont (l'entrée en scène de Flambeau est moins fluide), le charcutage de la scène X acte III (quelle superbe montée pourtant !) Sur les actes IV et V, tout y est. Dans l'acte VI, je trouve dommage le traitement réservé à ľalexandrin final... J'ai beaucoup apprécié ľ'interprétation de la jeune fille, notamment la comtesse Camerata. Plus "classique" en Marie-Louise. Le rôle de Flambeau (et donc son interprète) un peu desservi par le choix de mise en scène du personnage. Franz est bien joué. A voir, notamment pour ceux qui cherchent une porte d'entrée vers la pièce ou une mise en scène moderne et dynamique, car on ne s'ennuie pas !