
Dans une grande maison vouée à l'art lyrique, la représentation de "La Flûte enchantée" est sur le point de commencer.
La cantatrice est attendue dans sa loge par son père, aveugle porté sur la boisson, et son médecin, qui discourt sur l'autopsie. les considérations anatomiques du docteur sont entrecoupées de réflexions sur l'art, la putréfaction de la culture et la fabrication minutieuse de l'être artistique artificiel parfait qui, telle une créature de Frankenstein, porte en soi sa propre destruction et celle de son entourage. L'arrivée de la Reine de la Nuit est attendue comme celle d'un cadavre livré à un amphithéâtre.
Le discours obsessionnel du Docteur passe de la description minutieuse d'une autopsie réussie à l'admiration pour le chef d'oeuvre humain qu'est la chanteuse lyrique. Il entretient avec elle un mystérieux rapport de proximité, qui n'est pas celui du père, par ailleurs présent, ni celui de l'amant clandestin, mais celui de l'ingénieur qui aurait présidé à la fabrication de cette machine à chanter - dont les essais malheureux auraient déjà produit Madame Vargo, l'habilleuse, ou Winter, le majordome ? - petite famille bizarre grouillant dans les dépendances du théâtre. Savant forcément incompris, s'apitoyant sur le public monolithique d'une culture de musée, incapable d'apprécier à sa juste valeur l'immense talent de l'artiste au sommet de son art.
L'outil de la dévastation est l'obsédante musique bernhardienne, qui « creuse une spirale dans le sol pour trouver la sortie du monde », avec son humour particulier, dont il semble –dit-il lui même - qu'on n'ait pas toujours bien mesuré la place. Un rire pourtant salvateur. Sur ce plan, lorsqu'on cherche une parenté à Thomas Bernhard, on ne trouve guère que Beckett. Après avoir longtemps séjourné chez le second Godot, Cendres, Fin de partie, Berceuse, Compagnie, Pas, Pas moi, c’est tout naturellement que j'ai glissé vers le premier. Sortir de Beckett est un véritable casse-tête pour le metteur en scène qui a eu l'imprudence de s'y installer, tant il semble qu'après lui ne restent que le désert et la nuit. Il faut habituer à nouveau ses yeux à la lumière du jour… Non que Bernhard soit un représentant patenté de l'optimisme, mais sa causticité d'un autre ordre nous réjouit sur un autre air, tout en permettant de continuer sur certaines lancées. Et puis ces variations autour d'un monde musical, lieux de tous les tabous culturels, donnent de quoi jubiler : en toile de fond, le fantôme de l'Opéra que Bernhard toise d'un oeil goguenard et sacrilège.
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Pour tout public,
de 14 ans
à 90 ans
Langue : Français
Le discours obsessionnel du Docteur passe de la description minutieuse d'une autopsie réussie à l'admiration pour le chef d'oeuvre humain qu'est la chanteuse lyrique. Il entretient avec elle un mystérieux rapport de proximité, qui n'est pas celui du père, par ailleurs présent, ni celui de l'amant clandestin, mais celui de l'ingénieur qui aurait présidé à la fabrication de cette machine à chanter - dont les essais malheureux auraient déjà produit Madame Vargo, l'habilleuse, ou Winter, le majordome ? - petite famille bizarre grouillant dans les dépendances du théâtre. Savant forcément incompris, s'apitoyant sur le public monolithique d'une culture de musée, incapable d'apprécier à sa juste valeur l'immense talent de l'artiste au sommet de son art.
L'outil de la dévastation est l'obsédante musique bernhardienne, qui « creuse une spirale dans le sol pour trouver la sortie du monde », avec son humour particulier, dont il semble –dit-il lui même - qu'on n'ait pas toujours bien mesuré la place. Un rire pourtant salvateur. Sur ce plan, lorsqu'on cherche une parenté à Thomas Bernhard, on ne trouve guère que Beckett. Après avoir longtemps séjourné chez le second Godot, Cendres, Fin de partie, Berceuse, Compagnie, Pas, Pas moi, c’est tout naturellement que j'ai glissé vers le premier. Sortir de Beckett est un véritable casse-tête pour le metteur en scène qui a eu l'imprudence de s'y installer, tant il semble qu'après lui ne restent que le désert et la nuit. Il faut habituer à nouveau ses yeux à la lumière du jour… Non que Bernhard soit un représentant patenté de l'optimisme, mais sa causticité d'un autre ordre nous réjouit sur un autre air, tout en permettant de continuer sur certaines lancées. Et puis ces variations autour d'un monde musical, lieux de tous les tabous culturels, donnent de quoi jubiler : en toile de fond, le fantôme de l'Opéra que Bernhard toise d'un oeil goguenard et sacrilège.
La distribution du spectacle ✨
Auteur(s) :
Thomas Bernhard
Mise en scène :
Yvan Blanloeil
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À propos de L'ignorant et le fou
L’événement L'ignorant et le fou de type Théâtre contemporain, organisé ici : Théâtre de la Tempête - Cartoucherie -
Paris, n'est plus disponible à la vente.
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