Comédie écrite en 1629, la bague de l'oubli mèle avec panache comique et magie.
Le roi Alphonce règne sur la Sicile mais sa soeur la princesse Léonor et son amant Léandre tentent à l'aide d'une bague enchantée de prendre le pouvoir. Y parviendront-ils ?
Si un certain théâtre du XVIIe siècle est resté dans les mémoires par le biais de l'école, on a aujourd'hui oublié que la restauration de ce qu'on appelait alors la " Comédie " fut le fait d'une génération d'auteurs qui, dans les années 1630, en ont fait " la passion de toute la France, et le divertissement même " du Roi. Or, au premier rang de ceux-ci, des Mairet, Racan et bien sûr Corneille, il y a aussi Rotrou, qui revendique hautement la " gloire d'avoir aidé à rendre [la Comédie] belle comme elle est ". Ce sont ses propres mots pour présenter La Bague de l'oubli, dans une dédicace au Roi qui souligne avec éloquence l'intérêt que la cour (et Richelieu au premier chef) pouvait lui porter puisque, pour offrir un texte à un grand personnage, il fallait auparavant que celui-ci en eût accepté l'hommage.
La Bague de l'oubli est donc une pièce importante. A tous les sens du mots, parce que c'est à la fois un élément essentiel de l'histoire littéraire – puisqu'elle fut probablement représentée dès 1629 et qu'elle précéda donc probablement de quelques mois, peut-être seulement de quelques semaines, les premières comédies de Corneille, lequel admirait Rotrou (et réciproquement) – et que c'est également un texte capital – puisqu'elle inaugure une mode hispanisante qui alimentera le théâtre français du Cid au Soulier de satin en passant par les drames de Hugo. En dépit des affirmations modestes de Rotrou, La Bague de l'oubli n'est pourtant pas une simple traduction de Lope de Vega : si Rotrou suit très fidèlement le canevas espagnol, c'est pour le rebroder d'autant plus librement. Il sut ainsi infléchir l'intrigue pour satisfaire un public avide de nouveauté et créer ainsi un style, et très français et totalement " rotrouesque ", fondé sur la beauté majestueuse de l'alexandrin, la symétrie de la construction ainsi que l'équilibre du comique et du spectaculaire.
le fou du Roi, Fabrice, et ses déconvenues sont là pour nous faire rire comme les affres de Liliane au pied de l'échafaud pour nous faire frémir. Tout cela parce qu'un anneau enchanté peut " ôter le jugement " aux uns et aux autres, rendant un Roi plus fol que son fou, une vierge plus folle qu'elle n'était sage... Cette " bague de l'oubli " qui donne son titre à la pièce l'organise en effet tout entière en même temps qu'elle désorganise l'univers des personnages. Elle est à la fois le symbole de l'union qui vient couronner heureusement la comédie, la métaphore de la puissance royale au centre de l'intrigue, et un puissant ressort du comique puisqu'elle est en diamant et qu'elle excite la convoitise balourde de Fabrice. L'essentiel est que tout rentre dans l'ordre à la fin, qu'aucun innocent ne soit exécuté, que le Roi retrouve son trône et épouse honnêtement celle qu'il voulait séduire. Même les infâmes comploteurs peuvent être pardonnés. La folie n'aura été que temporaire, elle n'aura duré que le temps de cinq actes, et elle n'aura guère été plus grave que celle, professionnelle, de Fabrice. Quant à la magie, celle de l'anneau est annihilée, et ne reste que la seule et vraie magie du théâtre, celle que Corneille met en scène dans L'Illusion comique au moment même où La Bague de l'oubli est publiée (1635), celle qui a joué dans la salle et captivé, ravi, en un mot " enchanté " les spectateurs.
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Pour tout public
Langue : français
Si un certain théâtre du XVIIe siècle est resté dans les mémoires par le biais de l'école, on a aujourd'hui oublié que la restauration de ce qu'on appelait alors la " Comédie " fut le fait d'une génération d'auteurs qui, dans les années 1630, en ont fait " la passion de toute la France, et le divertissement même " du Roi. Or, au premier rang de ceux-ci, des Mairet, Racan et bien sûr Corneille, il y a aussi Rotrou, qui revendique hautement la " gloire d'avoir aidé à rendre [la Comédie] belle comme elle est ". Ce sont ses propres mots pour présenter La Bague de l'oubli, dans une dédicace au Roi qui souligne avec éloquence l'intérêt que la cour (et Richelieu au premier chef) pouvait lui porter puisque, pour offrir un texte à un grand personnage, il fallait auparavant que celui-ci en eût accepté l'hommage.
La Bague de l'oubli est donc une pièce importante. A tous les sens du mots, parce que c'est à la fois un élément essentiel de l'histoire littéraire – puisqu'elle fut probablement représentée dès 1629 et qu'elle précéda donc probablement de quelques mois, peut-être seulement de quelques semaines, les premières comédies de Corneille, lequel admirait Rotrou (et réciproquement) – et que c'est également un texte capital – puisqu'elle inaugure une mode hispanisante qui alimentera le théâtre français du Cid au Soulier de satin en passant par les drames de Hugo. En dépit des affirmations modestes de Rotrou, La Bague de l'oubli n'est pourtant pas une simple traduction de Lope de Vega : si Rotrou suit très fidèlement le canevas espagnol, c'est pour le rebroder d'autant plus librement. Il sut ainsi infléchir l'intrigue pour satisfaire un public avide de nouveauté et créer ainsi un style, et très français et totalement " rotrouesque ", fondé sur la beauté majestueuse de l'alexandrin, la symétrie de la construction ainsi que l'équilibre du comique et du spectaculaire.
le fou du Roi, Fabrice, et ses déconvenues sont là pour nous faire rire comme les affres de Liliane au pied de l'échafaud pour nous faire frémir. Tout cela parce qu'un anneau enchanté peut " ôter le jugement " aux uns et aux autres, rendant un Roi plus fol que son fou, une vierge plus folle qu'elle n'était sage... Cette " bague de l'oubli " qui donne son titre à la pièce l'organise en effet tout entière en même temps qu'elle désorganise l'univers des personnages. Elle est à la fois le symbole de l'union qui vient couronner heureusement la comédie, la métaphore de la puissance royale au centre de l'intrigue, et un puissant ressort du comique puisqu'elle est en diamant et qu'elle excite la convoitise balourde de Fabrice. L'essentiel est que tout rentre dans l'ordre à la fin, qu'aucun innocent ne soit exécuté, que le Roi retrouve son trône et épouse honnêtement celle qu'il voulait séduire. Même les infâmes comploteurs peuvent être pardonnés. La folie n'aura été que temporaire, elle n'aura duré que le temps de cinq actes, et elle n'aura guère été plus grave que celle, professionnelle, de Fabrice. Quant à la magie, celle de l'anneau est annihilée, et ne reste que la seule et vraie magie du théâtre, celle que Corneille met en scène dans L'Illusion comique au moment même où La Bague de l'oubli est publiée (1635), celle qui a joué dans la salle et captivé, ravi, en un mot " enchanté " les spectateurs.
La distribution du spectacle ✨
Auteur(s) :
Jean de Rotrou
Artiste(s) :
Sylvestre Bourdeau (Léandre), Jean-Dominique Brest (musique), Jean-Luc Bouzid (Lysis), Rodolphe Delalaine (Fabrice), Martine Delor (Léonor), Emmanuel Desgrées du Loû (Dorame), Suzy Espalieu (Mélite), Djahiz Gil (Le roi Alphonce), Nathalie Hamel (Mélite), Patrick L’Heureux-Bouron (Le duc Alexandre), Romaric Maucoeur (Tancrède), Stéphane Rouabah (Lysis), Marina Valleix (Liliane)
Mise en scène :
Nathalie Hamel
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L’événement La bague de l'oubli de type Théâtre classique, organisé ici : Théâtre du Nord-Ouest -
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