La tour

Gérard Watkins veut faire mémoire des faits et de leurs échos : les tours effondrées du 11 septembre, la porte de l'église St Bernard fracassée à la hache. Au-delà, l’auteur interroge les représentations qui s’en suivront : un mémorial pour l’un, des expulsions pour l’autre. Ces matériaux rassemblés, c’est au bord du gouffre et/ou au pied de la tour que nous les "éprouvons" et c’est bien de vertige dont il s’agit. « Une sorte de consternation devant un monde qui s’aplatit en faisant semblant de grimper. C’est ce que j’aimerais qu’on ressente. » dit le metteur en scène. Dans le mythe de la tour de Babel, l’homme est décrit comme s’étant détourné de lui-même, de son intériorité, de son Orient, du noyau fondateur divin ».

Gérard Watkins s’entoure d’une formidable équipe d’acteurs, son équipe, qui sait chambouler les codes, les formes, les idées, les émotions. Anne Alvaro est au centre de son architecture et avec elle la cohorte des comédiens (Fabien Orcier, Gael Baron, Nathalie Kousnetzoff...) pris d’une frénésie ascensionnelle frotte le chaos du monde à l’utopie du théâtre. Michel Gueldry a érigé une scènographie puissante par cette obsédante tour autour de laquelle tout le « chant » dramatique s’enroule.