Liliom

J'ai vu cette pièce dans sa reprise aux ateliers Berthier. D'abord, en entrant, on est totalement éblouis par la splendeur du décor avec cette authentique reconstitution d'un manège à auto-tamponneuse, et des roulottes à côté, sans compter la roue lumineuse à l'arrière plan. Et puis, au début de la première scène, on se laisse envouter par la musique, avec l'orgue, la harpe et puis ces voix murmurées sur cet air un peu hypnotique. Et puis l'histoire se dépeint, celle de ce bonimenteur surnommé Liliom qui fait vivre le manège et frémir sa gérante qui va prendre la défense de la jeune Julie. Et Julie, par fidélité, parce qu'elle a été défendue, va quitter son amie et sa place de bonne pour le suivre. Ensemble, ils ne sont pas heureux, mais ils ont ce lien particulier et incompréhensible de deux âmes égarées qui sans s'aimer d'amour se sont trouvées. Liliom vit toujours de menus larcins, boit et joue trop, elle l'accueille toujours avec patience. Ils sont entourés de personnages hauts en couleur, à commencer par les deux policiers et leur numéro inoubliable de policier-ventriloque, par Marie, l'ami de Julie et son amoureux Balthazar, par la tante de Liliom et même par Dieu lui-même. Le jeu et la mise en scène sont parfaits, et la musique est un personnage à elle seule. Durant deux heures qu'on ne voit pas passer, on est tenus en haleine par ces personnages, par leur histoire et par leur âme. Et l'on voudrait bien à la fin que le manège reparte pour un tour.

Cette pièce, véritable chef d'oeuvre du début du XXème siècle, est admirablement servie par la mise en scène de Jean Bellorini, et le jeu de sa troupe. Pas besoin de se poser de question sur l'actualité de la pièce, elle est intemporelle. Dès le début, nous sommes transportés par une musique remplie d'émotion, et c'est partie pour deux heures de rire et d'émotion. C'est une véritable féerie, malgré la dureté des situations et des rapports entre les êtres. Liliom est prisonnier de ses travers, et surtout de son incapacité à communiquer correctement. Julie, malgré un caractère très fort, s'enferme également... La deuxième partie nous emmène dans un autre monde, vers d'autres questions, sur le prix à payer, l'éventuel rachat lorsque nous avons le choix, et donc le libre arbitre, sur la vérité, qu'il faut dire ou non... Le tout avec un mélange de légèreté et de gravité, qui ne nuit jamais au fond. La magie du théâtre dans toute sa splendeur.

nul, mal joué, tape à l'oeil mais généreux