Madame de Sade

On dit, à juste titre, que l'écriture théâtrale dans son immense majorité, ne laisse aux actrices que la portion congrue en fait de rôles. Avec " Madame de Sade ", Mishima fait mentir ce constat accablant et désolant.
Six femmes y monopolisent la scène. Certes, pour parler d'un homme. Et quel homme ! Le Marquis de Sade himself ! Un des premiers féministes historiques ! Je sais très bien que je vais déclencher des hurlements en qualifiant le divin Marquis de " féministe " N'importe
On ne peut pas ne pas reconnaître que Sade a prôné la libération et la liberté des femmes bien avant tout le monde. Il leur a recommandé d'échapper à la dictature masculine pour piloter elles-mêmes leur propre destin.
Toute pensée révolutionnaire se caractérise par des excès avant de se stabiliser. La liberté sexuelle défendue par Sade n'a pas échappé à ce phénomène. Et ses héroïnes de roman se sont retrouvées dans des situations extrêmes, où, leur liberté n'est pas leur plus évidente caractéristique !

J'ai pris un immense plaisir à diriger six jeunes actrices dans cette pièce et dans ce spectacle. D'autant plus que pour moi la mise en scène et la direction d'acteurs sont exactement le contraire absolu du " sadisme ", au sens que ce mot a pris dans le vocabulaire d'aujourd'hui. Je me revendique bien plutôt comme un maïeuticien.
Deux jeunes acteurs se sont joints à ce projet, qui rentre dans le cycle de fin d'études pour cette promotion de l'école. Examinant à la loupe, ou plus exactement à la longue vue, les agissements de cet aréopage féminin, ils endossent une espèce d'incarnation du Marquis, à travers des extraits de "La philosophie dans le boudoir" et de la pièce de Peter WEISS résumée sous le titre " Marat-Sade ".
Peut-être n'existent-ils que comme miroirs, comme échos aux différentes appréciations que les créatures de Mishima échangent à propos de Donatien Alphonse François. Allez savoir ?
Jean-Marc Avocat