Ubu Roi

"Ubu roi" est une pièce coup de point publiée par un jeune dramaturge de 23 ans. Précurseur du théâtre de l'absurde, le récit est une dénonciation sans concession de la quête du pouvoir et de ses conséquences sur l'individu qui s'y emploie. Au-delà de la coupure avec le réel, il y est question de la mégalomanie et de la toute puissance des uns, et de la servilité des autres, simples exécutants des basses oeuvres, sans qui rien ne serait possible. La mise en scène originale de Franck Berthier souligne toute la modernité de ce texte écrit à l'orée du siècle précédent. Les références à l'actualité y sont nombreuses. On passe successivement d'un clin d'oeil à une certaine "soirée à la Concorde", à celui d'un couple de dirigeants aux accents européens distincts... Plus largement, c'est une société "bling bling" qui se donne en spectacle devant nous. La collusion entre pouvoir politique et pouvoir médiatique y est la règle. Si le choix du blanc peut surprendre, il permet d'accentuer le malaise que nous éprouvons face à cette farce "moderne". Les apparences sont en effet trompeuses. Le blanc qui renvoie habituellement à l'innocence, la pureté et l'asepsie tente ici de dissimuler la bêtise et la violence, que les mots, les faits et les corps ne peuvent s'empêcher d'exprimer. Les comédiens donnent beaucoup d'eux-mêmes dans cette réalisation très physique. Jean-Philippe Ecoffey et Marie-Christine Letort excellent dans ce duo infernal. Les seconds rôles Teresa Ovidio, Patrick Palmero et Jean-Pierre Poisson s'illustrent également dans leurs interprétations successives. Il sera notamment difficile d'oublier la famille royale. Farce brutale et exigeante, cette nouvelle version d'"Ubu roi", mérite de se rendre au plus vite dans la petite salle du Vingtième Théâtre.

Je ne suis pas une adepte d'Alfred Jarry. Mais l'interprétation théâtrale met fortement en valeur son texte. Les acteurs sont excellents et la mise en scène est riche et modernise le texte, sorte de monstre mêlant tous les registres. Bon spectacle, déconcertant pour certains sans doute. On ne s'attendait pas forcément à prendre du plaisir à voir la pièce : le défi est relevé !

Seule surprise du spectacle et pourquoi non,un blanc inadapté à la bouffonnerie et à la grande bêtise d'Ubu;les propos d'Alfred Jarry captent un peu l'attention.

J'ai passé une merveilleuse soirée. Ce spectacle mérite amplement un beau succès. Moderne, innovant, mené par des comédiens brillants, le texte de Jarry est mis au goût du jour dans une mise en scène forte, intelligente et habile.

Ubu Roi d'Alfred Jarry est considéré comme précurseur du mouvement surréaliste et du théatre de l'absurde. Jarry y mêle provocation, farce, parodie du pouvoir et humour gras.L'histoire se passe en Pologne et le Père Ubu est harcelé par la Mère Ubu qui le traite d'andouille, de merdre et lui conseille fortement de prendre le pouvoir.Il parvient avec l'aide du capitaine Bordure, a assassiner le Roi Venceslas et nous découvrons son vrai visage. Au peuple, il déclare "Il y aura moins d'impots, mais il faudra travailler plus pour me faire gagner plus !"Très vite, il fera le vide autour de lui et ce sera la révolte de ses sujets. Il faut dire la vérité et que l'intrigue n'est pas des plus attractives dans un décor, en étage, sans intéret. En revanche, les grossièretés sont nombreuses mais ne peuvent combler ce qui manque à cette pièce, une véritable caricature du pouvoir personnel, qui est ici poussée au ridicule.

Jarry, on aime ou on n'aime pas. Quoi qu'il en soit, il faut reconnaître que ça ne va pas bien loin sur le fond. Alors, il faut que la forme compense pour justifier de le monter aujourd'hui. De ce point de vue, cette version propose quelques réussites, comme la mise en scène et l'interprétation du fils, l'animation "promo-démago" et la parodie de revue. Par contre, un mauvais point concernant le relâchement de J-Philippe Ecoffey et de Teresa Ovidio dans les dernières minutes de la représentation d'hier 30/10/2010. Un manque de concentration et de volonté de se reprendre qui frise la désinvolture. Pas très pro ! Même s'il s'agissait de l'avant dernière, ce n'est pas une raison.

Le texte de Jarry marque une époque, soit. Mais pourquoi le monter aujourd'hui !!!? Quel que soit le talent des acteurs et actrices, cela ne fait pas une pièce. Quant à l'esthétique, aussi intéressante soit-elle, elle ne soutient pas le texte. Au contraire, elle choque souvent, amuse au dépens du sens. Bref, le Vingtième théâtre ne devrait pas accepter tout ce qui a des plumes et des paillettes ! (Oui, ils en ont).

c'est un spectacle de qualité. La mise en scène est originale et les lumières de grande qualité. Je n'ai pas accroché sur la pièce proprement dit, et malgré la qualité des acteurs et les propos intéressants, j'ai décroché par moment. En conclusion une belle qualité théâtrale pour un résultat mitigé.