Baudelaire... Vivant !

Qu'ils soient entiers ou partiels, les couleurs et les sons se répondent. Les poèmes en vers et en prose, ainsi que les textes critiques de Baudelaire, comme de longs échos se confondent ! Pas tout à fait une pièce, pas tout à fait un récital (ne cherchez pas trop la logique ni le sens) : un parcours singulier et envoûtant dans l'oeuvre multiple du prince des nuées.

"Le théâtre, c'est de la chair vivante" nous rappelle Laurent. Et c'est bien de vie dont il s'agit ici : ses tourments, ses espoirs, ses blessures, ses inspirations, ses aspirations. On respire Baudelaire et la verve du comédien se mêle aux vers ou à la prose du poète sans transition, avec passion.

Moment rare d'une extrême qualité où le moment de la simple lecture est pulvérisé. En effet, Monsieur Jérôme, visité par l'esprit et la substance de Baudelaire, en osmose complète, nous insuffle, l'espace d'un instant, la substantifique âme de cet être déchiré

À quel point "Baudelaire-vivant" va-t-il vraiment au bout de ses promesses ? Peut-être justement en déjouant tout ce que à quoi on pourrait s'attendre... Tout est là pour passer un moment fort, qui parle avec les mots de Baudelaire mais dans une construction telle que ça devient complètement nouveau. Un souffle nouveau sur la pensée et la poésie recomposée dans sa diversité comme si elle surgissait de l'instant présent. C'est une invention. J'ai aimé me laisser emporter par la sonorité des mots, de la langue de Charles Baudelaire et la subtilité des associations réalisées par un personnage très sobre et très expressif. De sorte que, maintenant, je ne vois définitivement plus Baudelaire comme avant. Pas étonnant, puisqu'il est vivant et que je l'ai vu et entendu ! Voilà la culture vivante : l'art de transmettre ! C'est vraiment une belle surprise : les sensations brûlent sous le sens. Bravo total pour l'auteur-acteur !

"Baudelaire-vivant" c'est pas une blague. BAUDELAIRE incarné ! C'est magnifique. L'imagination du spectateur est directement convoquée. Complètement hors circuit dans ce Théâtre du Nord-ouest, ce seul-en-scène hyper-habité est vraiment surprenant. À ne pas manquer. Pourtant, Baudelaire n'apparaît pas au premier abord. Un personnage s'impose peu à peu : son fond est douloureux et pourtant heureux de dire en direct son flux ou, plutôt, son flow de pensées. C'est très sobre, dépouillé, et par moments inquiétant. Du beau langage, un beau montage et une belle construction servie par une interprétation vraiment pas comme les autres et une façon de parler peu commune sur les théâtres... vous avez dit "bizarre", L'Albatros ? Une vraie surprise : un régal ! Il faut quand même s'accrocher pour suivre 70 minutes de spleen éclatant. Mais voilà un auteur-acteur époustouflant qui nous tient en haleine pendant tout ce temps suspendu à ses lèvres ! Un montage de textes, de vers, de prose en prise avec des bouts rimés comme autant de mots d'auteur pour certains très connus et d'autres beaucoup moins dans une recomposition qui nous renvoie à nous-mêmes et, bizarrement, nous parle aussi d'aujourd'hui. C'est toute la complexité de Baudelaire et de son oeuvre pas seulement limitée aux Fleurs du mal et sa poésie. Le comédien incarne remarquablement le génie tourmenté comme une confession mi-ange mi démon avec une intensité de présence extraordinaire et en même temps une très grande simplicité de moyens. La mise en scène minimaliste est étonnamment efficace. Grâce à son talent de passeur, il nous touche au coeur de la dualité humaine. C'est absolument remarquable : sobre et dépouillé jusqu'au cri qui finit en prière ou en méditation. L'acteur et le public se retrouvent emportés dans un tourbillon qui monte et qui descend comme une respiration trouble. Un moment rare servi par un artiste rare et généreux qui se donne à fond ! L'intensité et le niveau des textes ainsi agencés et animés par cette performance font de cette pièce un moment unique à écouter voir et à revoir. Un très grand bravo !

Inattendu. Unique ! Une construction surprenante. Le développement d'une pensée en marche et en direct, sur un plateau sobre qui enlève l'imagination et qui prend feu et chair. Ça vous prend au coeur, vous apprend des choses nouvelles et surtout ça vous surprend aux tripes Ça s'appelle "Baudelaire-vivant" et c'est très exactement ça ! À entendre, voir... À vivre !

Une espèce de barnum qui dit et relie des textes, des bouts de vers, des phrases en un montage complètement surprenant. Mais qui est ce prince du bizarre ? "Ce n'est pas du théâtre, ce n'est pas un récital" nous annonce-t-il d'entrée de jeu. Et justement, voilà un jeu qui n'autorise aucune tiédeur ni passivité, encore capable de pulvériser le quatrième mur (il n'y a pas aucun mur - réel ou ressenti - entre la scène et la salle !) pour donner une forte impression de dialoguer avec chacune et chacun, quitte à le bousculer, le sortir de sa torpeur, le troubler, l'émouvoir, ou tout simplement lui tendre un miroir magique .  Cruellement et doucement, tout en même temps, jubilatoire !

Une vraie surprise et une véritable rencontre avec BAUDELAIRE ! Ce n'est pas une promesse vaine : les enchaînements, la musique de la voix, les mouvements, l'émotion à travers les mots et les extraits de vers, les phrases prélevées partout dans tout BAUDELAIRE... TOUT s'enchaîne harmonieusement et parfois furieusement ! Une expérience très impressionnante qui révèle un être singulier. Dans la fidélité des mots et l'originalité de l'apparition de Charles Baudelaire. .

Baudelaire aujourd'hui c'est un classique. C'est beau, c'est grand.... Mais encore faut-il être capable de le mettre debout sur une scène,. Pour le faire vivre dans sa folie, sa sagesse et sa diversité d'expressions... bref : de le parler vraiment ! C'est ce que fait Laurent Jérôme admirablement bien : autant avec ses petites vidéos postées régulièrement sur Facebook que là , très présent sur le plateau... Ce moment rare dans un théâtre rare, il faut aller le voir l'entendre dire et le vivre !

Vous avez dit "sorcellerie évocatoire'" : quelle puissance d'invocation ! ! ! 90 pour 100 des mots en vers et en prose sont à la lettre du Baudelaire... Et 100 pour 100 du show c'est vraiment l'esprit qui s'invite en... réincarné ! L'Albatros exilé sur les planches du Nord-Ouest a enfin trouvé son envol au milieu des parfums de sa Dorothée... Parfois foutraque ? Où déjanté rime avec harmonies nouvelles ? Tant mieux ! C'est parfait de vitalité. L'Ange du Bizarre est vraiment vivant !