Le courage de ma mère

Je me suis installée confortablement sur mon canapé et j'ai imaginé la pièce de bout en bout. Une belle mise en scène portée par un acteur formidable, que j'ai bien évidemment du inventer de toutes pièces. Une manière nouvelle d'inventer le théâtre, car finalement, ne sommes-nous pas tous spectateurs de notre propre imagination ?

Une expérience qui sort des sentiers battus sans nous nous faire sortir de chez soi, voilà qui est parfait en ces temps de confinement. Je ne pouvais physiquement assisté à la première, du coup, j'ai imaginé que je pouvais, et la magie a opéré. En plus, cerise sur le gâteau, on peut imaginer une salle où on peut étendre ces jambes et incliner son fauteuil. Il faut malgré tout rester un peu concentré, mais cela en fait la saveur, si on s'en donne la peine. sur un moment d'égarement, j'ai imaginé un monde où la seconde guerre mondiale n'avait pas existé, et je ne comprenais plus trop le sens de la pièce. De fil en aiguille, j'ai imaginé un monde sans CoviD-19, et j'ai failli sortir. Heureusement, la justesse de la mise en scène et la force de l'interprétation nous ramène dans un imaginaire confiné, mais libérateur.

C'était parfait. Nous avons imaginé Roland Timsit, magistral dans ce rôle du Confinement de ma mère, tout en restant au coin du feu dans notre salon. Un moment profond et brillamment mis en scène, tout en justesse. Je conseille, en attendant de pouvoir assister à la pièce au théâtre.

J'ai assisté hier, depuis mon chalet et en famille, à la première du "Confinement de ma mère", brillante adaptation du "Courage de ma mère" par David Ajchenbaum, qui signe là un geste dramatique puissant sur l'Histoire, en héritier avisé de Tabori, sur un rythme qui n'est pas sans rappeler celui du regretté Claude Régy. L'interprétation toute en intériorité de Roland Timsit magnifie le spectacle, et nous ramène obstinément vers notre humaine condition, dans un jeu spéculaire où ses talents de clown et de comédien se combinent comme jamais. On ne peut qu'être d'accord avec "Le Monde" : il s'agit, en attendant de découvrir la version originale, d'un spectacle essentiel.

Une histoire incroyable servie par un comédien inspiré, étonnant de justesse qui met son talent au service de tous les personnages ... un spectacle puissant rempli d'humour et de délicatesse Le texte à caractère autobiographique est écrit par George Tabori, écrivain hongrois, voyageur, journaliste, auteur de nombreuses pièces qui travailla notamment avec Brecht. A voir absolument !

Lorsque je me suis assise au milieu de la pièce, je fus un bref moment envahie par cette atmosphère étrange liée à la petitesse de la pièce et au confinement dans lequel je me trouvais. Je n'en menais pas large, je savais que la promiscuité de la pièce et le jeu de l'acteur si proche du public allaient me transporter dans une réalité d'un passé que je n'avais pas vécu mais que je connaissais. La pièce n'avait pas déjà débuté que nous ne pouvions que constater tout le génie du metteur en scène : l'espace, la lumière, les décors savamment dosés nous projetaient dans ces années noires de notre passé. Je ne vous raconterai pas toute l'histoire mais ce fut une expérience hors norme. Je sortis de la pièce comme l'avait souhaité l'auteur, avec une agréable sensation de liberté et d'un bonheur simple retrouvé.

J'ai eu la chance de voir ce très beau spectacle à Avignon. Il est plein d'humour et de tendresse. Il traite d'un sujet difficile sans jamais être pesant. La bande son remarquable et la mise en scène de David Ajchenbaum permettent à Roland Timsit de faire vivre devant nous le Budapest des années 40. J'espère vivement que le spectacle pourra être reporté. Nous avons plus que jamais besoin, en ces temps différemment sombres, de la lumière et de la chaleur qu'il nous apporte.

Le texte de Tabori, magnifiquement traduit par Maurice Taszman, est porté avec brio par un Roland Timsit plus vrai que nature. Fermez les yeux, donnez libre cours à votre créativité... Une pièce servie sur un plateau d'argent, un deliveroo théâtral et imaginaire qui en appelle à notre force poétique. Brillant !