Lulu

Quel spectacle, quelle performance, quelle claque ! Plus de 3 heures sans le moindre ennui, avec Anne Cressent, une Lulu remarquable de justesse et de sensibilité. Cette version longue de Lulu est tout simplement EXCEPTIONNELLE !

La scénographie est travaillée, les acteurs très bien dirigés. J'ai trouvé la chose plus généreuse que lorsque j'avais vu le Lulu de Brauschweig. Paul Desveaux a mené sa barque de manière très intelligente. Les enjeux du texte ressortent brillamment. Peut-être que le tout aurait pu jaillir plus sulfureux encore! Pour imprégner un peu plus nos consciences. Un sujet actuel, un théâtre actuel, une réussite !

Cette adaptation de la pièce de Wedekind bénéficie d'une belle scénographie et d'une bonne distribution. La présence d'un genre de Monsieur Loyal et de quelques numéros d'acrobatie fait penser au cirque par moments. A noter que la musique est jouée en direct par un orchestre. Je suis moins séduite par l'histoire elle-même : c'est un peu long à démarrer et le personnage de femme fatale (popularisée par le "Loulou" de Pabst, lui-même inspiré de l'oeuvre de Wedekind) apparaît aujourd'hui assez classique et m'a semblé manquer d'aura pour justifier son pouvoir d'attraction.

Cette nouvelle adaptation de cette pièce de prime abord difficile est un véritable régal. Tous les ingrédients sont au rendez-vous pour profiter de ces trois heures qui passent finalement extrêmement vite : des costumes absolument extraordinaires, un comédien-acrobate époustouflant, des décors très bien conçus. Et puis surtout des comédiens pleinement engagés pour faire vivre l'histoire pas si simple de cette jeune femme ayant son charme pour principale arme afin de séduire des maris qui meurent tous mystérieusement les uns après les autres. Après une première partie très lumineuse, où l'on voit la belle séduire les hommes un à un, la deuxième est beaucoup plus noire, suivant la fuite de Lulu à Londres après s'être évadée de la prison où elle était enfermée pour le meurtre de son dernier époux. Une fresque époustouflante au suspense souvent haletant, et avec des trouvailles dans la très belle mise en scène, notamment la danse avec les mannequins et les jeux de lumières. Du début à la fin, on est totalement envoutés à la fois par l'histoire et par l'aura qui entoure cette Lulu tour à tout femme-enfant et veuve noire cruelle.