L'avare | par Ivo Van Hove Maison des Arts et de la culture Affiche

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L'avare
par Ivo Van Hove

de Molière , mis en scène par Ivo van Hove

Maison des Arts et de la culture, Créteil

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1 critique

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ToutThéâtre Inscrit Il y a 10 ans 18 critiques 2  
Utile: Oui Non
-L'Avare, dérobé de bien plus que son argent!
5/10

L'Avare de Molière. Chef d'oeuvre incontournable, impérissable, indéclinable et indécodable! Vu et revu, il faut beaucoup de panache pour nous surprendre avec ce monstre du théâtre français. Pari réussi pour le talentueux Ivo van Hove. "D'Après" Molière, la mise en scène de van Hove remanie, raccourcie et innove le texte que nous connaissons et adorons depuis si longtemps. Inconcevable en France, il nous faut évidement un metteur en scène étranger pour oser s'attaquer à la prose de Jean-Baptiste Poquelin. Jamais n'avait on vu pareille audace! Se permettant des libertés, (Certains indignés pourraient reprocher l'écart du texte et l'esprit de Molière), la traduction de Gerardjan Rijnders est fraîche et fidèle à l'esprit de Molière. Tout en modernisant, l'essence est préservé, c'est violent, drôle et puissant. Le comique de Molière est un comique brutal, frontal, d'une violence extrême, le comique au théâtre, n'est pas anodin, et la violence est au coeur du théâtre de van Hove. Le décor sublime, un loft ouvert et public, est le théâtre d'un drame qui n'est plus familial mais global. Ce n'est plus seulement Harpagon qui est obsédé par l'argent, mais la famille et le système entier est corrompu. Le jeu, souvent très "cinématographique" et naturaliste, ainsi que le quatrième mur étouffant, bloquent hélas cette globalité, et le message ne nous atteint pas, puisque le public a l'impression d'être un voyeur, s'introduisant dans ce désastre intime. Hans Kesting brille dans un Harpagon rajeuni, autoritaire et froid. Lui, Marieke Heebink, surprenante et drôle dans le rôle de Frosine femme d'affaires, et une Marianne énergique et sexy(Anna Raadsveld) sont les maîtres du spectacle. Leon Voorberg est un La Flèche surprenant et drôle et Fred Goessens brille lui aussi par son énérgie et son humour. Du reste, la troupe est décevante, Vanja Rukavina souffre d'un jeu mécanique et minimaliste. Le duo fraternel qu'est Cléante et Elise est désastreux. Les deux manquent d'énergie, de sincérité et de vraisemblance. Eelco Smits, véritable catastrophe, est terrible en Cléante. Au lieu d'être énergique, idéaliste, amoureux et ferme, il joue un fils indécis, bête. Son jeu est invraisemblable et mécanique,parasité par des manières efféminées, il est dôté d'un faux naturalisme très ennuyeux. Se trompant et balbutiant dans son texte, il peine à nous convaincre et fait tomber dans le vide la violence du rapport père-fils qu'apporte Hans Kesting très justement. Le spectacle, raccourci d'un acte, est remarquablement lent, et le jeu naturaliste, dramatisant 3/4 de scènes, à l'origine très comiques de Molière, est extrêmement pesant et l'on attend. On attend quelque chose, une action, une brutalité, qu'Hans Kesting nous présente dans son monologue final, sublimement décalé de quelques scènes. Pirouette finale, c'est la bouée de sauvetage qui réveille le spectateur, endormi. La mise en scène, très peu théâtrale finalement, souffre d'un jeu souvent naturaliste, malheureusement symptomatique du théâtre néerlandais contemporain. Le décor, très beau et original, est mis en avant et bien utilisé. La musique, parfois désagréablement forte, marche très bien et nourrit la tension que porte à lui seul Hans Kesting à toutes ses arrivées en scène. La mise en scène de van Hove, issue d'une idée de génie, peut-être un peu trop évidente mais cependant intéressante, se trouve être plus ou moins efficace dans la pratique. Certains aspects marchent très bien, d'autres sont moins convaincants. L'oeuvre de Molière, même si dénaturée par sa dramatisation,(On dira ce qu'on voudra, Molière n'a écrit que des Comédies et L'Avare, tout comme Tartuffe ou George Dandin, est une comédie, et en faire un drame est une erreur, puisqu'il brise ainsi, l'esprit de Molière.) souffre du changement. Il y a évdiemment de la Violence, et de la cruauté chez Molière. Dans ce sens, la mise en scène de van Hove reste fidèle au texte original, hélas, Molière, c'est aussi beaucoup de rire, et là, van Hove se prend le mur, puisque Molière sans le rire, est un Molière incomplet. Fort par moments mais souvent faible, la mise en scène de Van Hove, violente, extravagante mais paradoxalement minimaliste, a voulue plier le grand dramaturge à ses envies, mais le chef d'oeuvre qu'est l'Avare lui résiste pour cela.
# écrit le 16/11/13


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