Le triomphe de Plutus

Le Triomphe de Plutus , de Marivaux
Vaudeville d'après Panard, Mouret & Aristophane

Une joute oppose Apollon, dieu de la mesure, des arts et de la poésie, à Plutus, dieu de l'argent, des richesses et de l'abondance. Gagner le coeur d'une mortelle est le défi. D'un côté, Apollon, sûr de son avance, mise sur lui-même et dédaigne son rival ; de l'autre, Plutus, tentateur, se fiant à ses arguments sonnants et trébuchants, multiplie les bouffonneries sans regarder à la dépense...

Sur tous les tons, Le Triomphe de Plutus met en scène le pouvoir irrésistible de l'argent, et se conclut par un vaudeville, où se mêlent aux airs de Mouret et Panard, les personnages d'Aristophane et autres fantaisies carnavalesques, jusqu'à ce que s'arrête la plaisanterie.

Dans le répertoire théâtral, cette farce baroque, comique, musicale, et chorégraphique reste à découvrir.

"Il faut prendre ces gens comme ils sont. Ils aiment l'argent, mais il en a toujours été ainsi... L'humanité aime l'argent, qu'il soit fait de n'importe quoi : de parchemin, de papier, de bronze ou d'or."
(Woland – La magie noire et ses secrets révélés – chap.12 -, Le Maître et Marguerite, de Boulgakov)

Le Triomphe de Plutus est une farce baroque, comique, musicale, et chorégraphique...
Une joute oppose Apollon, dieu de la mesure, des arts et de la poésie, à Plutus, dieu de l'argent, des
richesses, de l'abondance .... C'est ce dernier qui est chargé d'exposer le sujet de la pièce, laissant entendre qu'Apollon se serait vanté dans le ciel de l'emporter sur lui auprès d'une maîtresse, et que lui, Plutus, se sent prêt à soutenir la gageure. Les dieux descendent donc de l'Olympe pour gagner le coeur d'une mortelle.

Comme il se doit, la terre est leur terrain de jeu et d'expérimentation. D'un côté, Apollon, sûr de son avance, mise sur lui-même et dédaigne son rival ; de l'autre, Plutus, tentateur, se fiant à ses arguments sonnants et trébuchants, multiplie les bouffonneries sans regarder à la dépense...

"Je suis riche, un richissime négociant, à qui l'or et l'argent ne coûtent rien."
(Plutus – Le Triomphe de Plutus, sc. 4)

Marivaux, délibérément, se veut sans nuance et satirique, avec une intrigue fort mince où rien ne repose sur le jeu des sentiments et où tout se règle d'office. L'argent fige de manière radicale tout devenir, fixe pour chaque scène un terme rapide et définitif. Dans ce monde tautologique, où l'argent n'est ni plus ni moins que de l'argent, Marivaux brosse d'un seul trait, ni pessimiste, ni optimiste, la fascination unanime des personnages pour les richesses de Plutus ... Le commun des mortels manifeste ainsi ses goûts - ou plutôt son absence de goût. Entre les vers d'Apollon et les bijoux de Plutus, le coeur ne balance point.

Le puissant chez Marivaux, c'est le riche. Le moyen de séduction n'est jamais la force mais l'argent et les plaisirs qu'il procure. Pas de violence ouverte, on corrompt par la tentation, et pour finir, on a recours au mirage des bons sentiments où perce la cynique vertu bourgeoise qui prodigue l'illusion paternaliste de l'égalité entre les hommes sur le terrain de l'amour ... (Anne Ubersfeld)