Fumistes ! La Virgule - Centre Marius Staquet Affiche

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En inventant le monologue comique, les Fumistes créaient un nouveau genre qui exploserait 100 ans plus tard avec Reynaud, Desproges,Devos ou Jamel.

Créée la saison dernière au Salon de Théâtre et plébiscitée par de nombreux spectateurs et programmateurs, la dernière pièce de Jean-Marc Chotteau, succès cet été du Festival de Sarlat, repart cette saison en tournée et est reprise pour deux représentations exceptionnelles sur la scène de Mouscron.

Avec Fumistes, Chotteau nous fait rentrer un soir de l'été 1914 dans les coulisses d'un café-concert parisien où trois acteurs s'apprêtent, à travers un florilège de monologues " fumistes " aussi irrésistibles les uns que les autres, à rendre hommage à un mouvement du même nom qui inventa trente ans plus tôt avec Charles Cros, Alphonse Allais, Alfred Jarry, Eric Satie et beaucoup d'autres, un rire nouveau, " hénaurme ", fait de non-sens et de provocation. Les trois personnages rivalisant de cabotinage, leur spectacle se terminera dans un désordre hellzapopinesque... On ignore que bientôt la conflagration sera mondiale. C'est la Belle Époque !

Aujourd'hui l'esprit fumiste, qui instaura en France et dans le monde le genre nouveau du monologue comique, résonne à travers ses héritiers du " stand-up ", et le rire de l'absurde chez nombre de nos humoristes. Rire plus salutaire que jamais pour conjurer en ces temps de crises cet esprit de sérieux qui n'est pas le meilleur rempart contre les apocalypses à venir.

Nous sommes en juillet 1914, au Mouton Noir, un des Cafés-concerts des hauteurs de Montmartre. En coulisses, derrière le rideau rouge d'une minuscule scène, Ernest, Charles et Constant, en caleçons, chemises et supports-chaussettes, s'habillent dans les minutes qui précèdent leur spectacle. Il doit s'agir d'un hommage à un mouvement artistique qui fleurit à Paris depuis trente années et dont ils sont parmi les membres zélés : les Fumistes, inventeurs d'un genre nouveau, qui n'a pas les honneurs des théâtres traditionnels où ils se produisent : le monologue comique. Ils en connaissent par coeur un grand nombre et s'apprêtent à présenter sur scène ceux qu'ils affectionnent le plus, sans être trop d'accord sur leur ordre de passage... De l'autre côté du rideau, on entend Erik Satie chauffer la salle...

Vieux briscards des plateaux, ils ne manifestent aucun trac et devisent sur l'air du temps... L'assassinat du Duc de Sarajevo fait toujours la une des journaux (la revanche est-elle pour bientôt ?), et Le Figaro annonce leur spectacle, en en profitant pour sortir une critique acerbe de l'esprit fumiste " qui se répand à Paris comme la fièvre typhoïde et la diphtérie ". Elle ne les atteint pas. Ils évoquent à tour de rôle leurs souvenirs d'artistes, qui ressemblent d'ailleurs étrangement à des monologues...

Alors qu'on entend la salle, derrière le rideau, se remplir " tout doucement ", les trois cabots, en habits noirs, chapeaux haut de forme et gants blancs sont prêts. Ils se sont entendus pour démarrer par Le Hareng Saur de Charles Cros, qui fait, depuis trente ans, les délices d'un public qu'ils rencontrent sur de minuscules scènes, comme le Chat Noir ou dans les salons mondains où les monologuistes, une fois sortis de leurs théâtres, sont très courtisés. Le spectacle va commencer...

" Il était un grand mur blanc -
nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle -
haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur -
sec, sec, sec ... "

On ignore souvent que ce poème, que beaucoup de générations d'élèves ont appris par coeur sans trop comprendre ce qu'il signifiait, fut comme un des tubes de nos hit-parades d'aujourd'hui. Peintres, écrivaillons, comédiens - parfois de renom -, le déclamaient, simplement, sans musique, faisant les délices des salons mondains où les bourgeois trouvaient ainsi le moyen de s'encanailler à peu de frais...

Pendant des années on demanda par exemple aux frères Coquelin, Ernest et Constant, célèbres acteurs de la Comédie Française, de rejoindre dès leur sortie de scène les cafés enfumés pour dire des monologues. Ernest avait à peine rangé dans sa loge le nez de Cyrano qu'il se précipitait vers d'autres public pour leur " faire le hareng " ...

Après Cros, des dizaines d'auteurs aux gloires inégales, mais parmi lesquels on peut citer Alphonse Allais et plus tard Georges Feydeau, s'adonnèrent au monologue pendant les trente ans qui précédèrent la guerre 14, où il ne fut plus trop question de prendre la vie à la légère, et d'oser faire rire de son absurdité.

Sûr de pouvoir compter à ses côtés sur deux formidables acteurs, Éric Leblanc et Christian Debaere, c'est la nouveauté historique que représentait le monologue, qui donna à Chotteau l'idée de sa pièce, conforté par sa découverte des innombrables mouvements et cercles artistiques et littéraires qui fleurissaient autour des Fumistes, et qui donnèrent avec eux de sacrés coups de pied à l'esprit de sérieux de l'académisme bourgeois. Ils avaient pour nom, - ô combien parlant ! - les Incohérents, les Zutistes, les Jemenfoutistes, les Hirsutes et les Hydropathes, ces derniers n'étant pas les seuls à se rendre malades avec un verre d'eau !

Ce n'est donc pas à vrai dire la qualité propre de leurs textes qui le détermina à les exhumer de cette époque qu'on ne qualifia que bien après de " belle ". C'est bien le formidable choc que ces monologues, souvent hilarants, représentaient face à une culture qui se figeait alors dans l'étroitesse des écoles bien-pensantes d'un art qu'il devenait urgent de bousculer. Les Incohérents, en (saine) réaction vis-à-vis des très solennels salons de peinture de l'époque, n'organisèrent-ils pas des expositions où il convenait d'exposer exclusivement les oeuvres d'artistes qui ne savaient pas peindre ? Et leur mot d'ordre n'était-il pas de " se foutre de la gueule du public sans le faire hurler, sauf de rire "... ?

Enfin, sa lecture durant ses recherches d'un article du Figaro, du 31 janvier 1914, acheva de le convaincre de l'intérêt de son projet. Le journal republiait à titre commémoratif et à l'occasion de l'inauguration du buste d'un certain Léon Gandillot, (auteur que la postérité nous laissa heureusement dans l'oubli), un article écrit par lui et paru vingt ans plus tôt. Il y fustigeait " l'esprit fumiste ", la nullité de ses monologues, et se demandait si la provocation n'avait pas ses limites. Chotteau en avait décidé : ses Fumistes nous interrogeraient en filigrane sur la triste intemporalité des frilosités et des censures face aux artistes libres.

Nota bene : sa pièce fut écrite bien avant le 7 janvier 2015 et les assassinats de Charlie.







Pour Tout public
à partir de 13 ans

Comédie

Langue : Français




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