Une saison en enfer

Rimbaud servi sur un plateau ou comment rendre évident un texte dense; j'en reprendrais bien une tranche, y'a du rab ?

Moment de pur bonheur... mise en scène intimiste et faussement simplissime: JQ Châtelain seul en scène, puissant et au sommet de son génie. Une prosodie qui lui est propre et que l'on adore. Un texte magnifiquement transmis à un public charmé. Courrez -y ... enfin du vrai théâtre, sans fioritures.

Spectacle un peu difficile, mais une interprétation extraordinaire. Seul en scène, dans une presque totale obscurité, l'acteur Jean-Quentin Châtelain, à la voix si particulière, ressuscite l'âme d'Arthur Rimbaud, en pleine souffrance dans Une Saison en Enfer. Un grand coup de chapeau !

Jean-Quentin Chatelain nous fait redécouvrir le texte de Rimbaud, et réussit à nous tenir en haleine jusqu'au bout. Son rythme et son phrasé, précis et régulier nous fait entendre toute la richesse du texte.

Un acteur hors norme, dont on aime à retrouver la particularité, le souffle, la force en scène. Un spectacle très particulier, pour les aficinados d'un théâtre à la Claude Régi... Seul en scène épuré, hypnotique, hors norme. Un voyage dans les mots et leurs sonorités. La créativité à l'état pur...

Un spectacle d'une force de tous les diables que ce long cri poétique et troublant d'Arthur Rimbaud. Dans une ambiance éthérée et prégnante d'un onirisme marqué, nous sommes enveloppés par les effluves envoutantes de ce texte. Les mots nous touchent à fleur de peau et les maux à cor et à cri. Ce recueil de poèmes en prose est publié à compte d'auteur en 1873, deux ans avant que cet illustre auteur décide de clore sa carrière de poète, à 21 ans. UNE SAISON EN ENFER renferme ses déceptions et ses rancoeurs sur l'activité artistique et le sentiment amoureux, sur la réalité et la vanité du monde occidental telles qu'il les observe alors, déçu et lassé. Il y a ici comme une quête mystique de pardon, de salut, de refuge au désespoir. Le spectacle est finement ciselé par la mise en scène d'Ulysse di Gregorio. Les lumières pour seuls effets et le rythme des scansions du comédien figé au centre d'un cratère, créent cette impression permanente d'un ailleurs sensuel, charnel et intense. Tourbillonnent autour de nous les couleurs de ses souffrances et les saveurs des errements que Rimbaud confesse au fil du texte. Comme autant d'hallucinations et de divagations qui façonnent un tableau oscillant entre l'enfer et la mort, le délire et la folie. Les textes denses, demandant une concentration soutenue pour ne rien perdre, sont magnifiés par le prodigieux Jean-Quentin Châtelain. Sa diction est poème. Ses respirations deviennent les nôtres. Les mots qu'ils nous livrent résonnent proches et profonds. Une expérience théâtrale poétique rare, aux délices illuminés de l'écriture d'Arthur Rimbaud, servie magnifiquement par Jean-Quentin Châtelain, magistral comédien, grand passeur de mots, d'images et de sensations.

Bel exercice de style et de poésie.

Jean- Quentin Châtelain nous rend puissamment la langue de Rimbaud, il la corporalise dans son immobilité même.

Si l'auteur est talentueux, c'est surtout par cette capacité à partler une heure les dents serrées et la bouche pâteuse pour singer un homme ivre et/ou drogué. Mais pourquoi tant d'acharnement? Le texte est inaudible, le spectateur médusé devant ce saccage.

Je le dis sans exagération, c'est de loin le pire spectacle auquel j'ai pu assister en 45 ans d'existence. Simplement horrible. J'aurais préféré être assis dans une cave glaciale pendant 1h16, plutôt que d'endurer ce "spectacle". Le texte pourtant magnifique de Rimbaud est tout bonnement massacré, assassiné, exterminé, par un jeu d'acteur d'une phénoménale prétention, faite de postures faussement pénétrées, d'une élocution horripilante et inaudible, de mots bouillis par une espèce d'accent aussi grotesque que fabriqué. La simple vision des contorsions de la bouche de l'acteur étaient déjà difficiles à supporter, mais le pire, c'est que lorsqu'on fermait les yeux et que l'on essayait de s'accrocher au texte brut, il était souvent difficile ne serait-ce que de comprendre les mots en fin de phrase, tant ils étaient détruits par une prononciation ampoulée à l'extrême... Je n'ai eu qu'une satisfaction finalement : le son des spectateurs quittant discrètement la salle en pleine représentation, les applaudissements finaux d'une rare mollesse, et les commentaires des spectateurs quittant la salle m'ont au moins rassuré sur une chose : je suis normal !!