Virginia Woolf's Melody

J'ai aimé le parti-pris allusif de l'évocation des personnages du roman qui peut donner au spectateur l'impression d'être dans la forge de ces personnages dans l'esprit de Virginia Woolf dont l'existence la vrillent. Et aussi ces poussées d'exaltation de la vie qui montent comme un feu d'artifice sur un fond d'inquiétude, inquiétude sur soi suscitée par l'émergence du passé, et conscience d'un basculement entraîné par les forces de la violence à l'oeuvre dans l'histoire proche de la guerre. J'ai aimé la présence habitée des deux actrices d'abord très à distance l'une de l'autre ("l'autre " incarnant la présence de divers autres, des personnages) et, au coeur du spectacle, aux prises l'une avec l'autre (un autre elle-même) dans un tournoiement faisant éprouver une scission insurmontable dans l'intime de l'être. L'acteur qui endosse les personnages masculins circule avec aisance et la sobriété nécessaire pour laisser toute sa force à leur évocation dans la parole des femmes qui les ont aimés. L'immense fatigue de cette vie multiple et chaotique qui étreint Virginia Woolf, à la fin, est un moment très beau ; l'envol de la liberté qu'elle décide alors de rendre à ses personnages prend le relais, mouvement libératoire de dessaisissement par l'artiste soi-même.

C'est un tour de force extrêmement bien réussi que cette transposition au théâtre de Mrs Dalloway. J'ai beaucoup apprécié la vision personnelle de l'auteure Carol-Ann Willering. Une écriture sobre, précise, aux touches répétitives comme les notes de la musique. Les projections vidéo apportent un autre niveau de compréhension dans l'histoire et sont saisissantes comme le visage de Septimus ! Sur le petit plateau du Nesle, Londres s'éveille ! Deux destins de femmes se croisent, sans se rencontrer. Virginia est là ! Je recommande vivement ce spectacle.

Au cours d'une journée dans le Londres des années 20 rythmé régulièrement par Big Ben, Clarissa Dalloway, excitée par la préparation de sa soirée mondaine, est soudain troublée à l'annonce du retour de Peter Walsh, s'interrogeant sur les raisons l'ayant poussé à quitter cet amour de jeunesse pour épouser Richard, un inconnu présentant bien : Virginia Woolf's Melody est un spectacle particulièrement original mêlant théâtre, musique et projections vidéo à travers l'écriture et la mise en scène de Carol-Ann WILLERING très inspirée par Mrs. Dalloway fameux roman de Virginia Woolf, et brillamment créé ce mardi 6 octobre, en sous-sol (du Théâtre de Nesle) mais bien au-dessus du pavé . En un peu plus d'une heure, une atmosphère psychologique et émotionnelle évoquant celle baignant l'oeuvre de Virginia Woolf est recréée avec acuité par touches successives : rêveries, états d'âme, pensées contradictoires ou sans lien logique, au fil d'un temps morcelé ; analyse de la haute société britannique, bouleversement en présence d'un syndrome commotionnel dû à la guerre (celui de Septimus, dont le médecin invité à la soirée mentionne le suicide ce même jour) ... L'interprétation des trois acteurs (Florence M.- Forsythe, Laure Guizerix, Gilles Goyet) est remarquable, toute en nuances subtiles : je recommande vivement cette pièce, ne serait-ce que pour le moment vraiment magique du duo quasi chorégraphique des deux actrices dans un pas de deux magistral, entrecroisant dans le désordre apparent des réflexions et anciens souvenirs, à la fois la surface des choses et l'exploration de profondeurs intérieures...

Des textes ciselés, une mise en scène intéressante, des comédiens uniques, une musique originale... J'ai passé un excellent moment !

Un moment suspendu, qui évoque avec grâce l'univers du roman de V. Woolf. J'ai particulièrement aimé la scène où les deux comédiennes incarnent à deux voix le personnage de Clarissa Dalloway.

Une très bonne pièce à voir car extrêmement difficile d'adapter le roman Mrs Dalloway. Les acteurs sont très bons et retranscrivent très bien l'univers de Virginia Woolf.

La mise en scène est intéressante dans le sens où elle mêle habilement décors minimalistes et vidéo, plongeant le spectateur dans une ambiance londonienne d'un autre temps. L'âge avancé des comédiens ne rend pas toujours le texte très crédible, surtout lorsque l'une des comédiennes prétend à un moment donné d'être la fille de Mrs Dalloway avant de reprendre son rôle d'amie de la dite Dalloway. On n'y croit pas une seconde.

J'attendais beaucoup de ce spectacle et finalement c'est la déception. La mise en scène très brouillon rend la pièce illisible. Les comédiens ne sont pas convaincants, c'est surjoué pour moi.