Ceux de Malevil

Après avoir vu le film de Challonge, le téléfilm et lu le roman, je n'étais pas prêt à "avaler" une nouvelle adaptation fantasque ! Et bien, bonne surprise, la version "théâtre" est très fidèle au roman tant dans l'analyse des composantes des personnages que dans la restitution de la chronologie de l'intrigue. Il est évident qu'un roman de 700 pages ne peut pas être restitué dans son intégralité en une heure 45. Mais cela ne gêne pas, l'intelligence de l'adaptation ajoutée à la sagacité de la mise en scène ainsi qu'aux talents des comédiens, nous fait passer un moment d'émotion et de réflexion sur la nature humaine. Je ne peux pas m'empêcher de citer Louis Jouvet pour illustrer le ressenti que j'ai eu à la fin de ce spectacle : " Au théâtre, il n'y a rien à comprendre, mais tout à sentir. "

Les acteurs nous plongent directement dans l'ambiance. La mise en scène, la bande son, le jeu des acteurs : tout n'est que délice... On ressort de là, bouleversé, secoué : et c'est le but recherché. Vraiment bravo !

Cette adaptation du roman de Robert Merle nous entraîne dans un monde où les sentiments sont exacerbés par la réalité d'un monde post apocalypse, post nucléaire, où seule la survie semble occuper les esprits. Mais rien ne semble changé dans les rapports humains, ce que la mise en scène et le jeu des comédiens nous permettent de ressentir. La brutalité est la composante principale de ces petits mondes éparpillés, la maladresse des uns et des autres est dramatique. Les femmes sont relégués à un rôle secondaire (et encore !), ce qui ne semble guère crédible, à moins que seule la loi du plus fort physiquement gouverne ces micro sociétés... qui, alors, n'ont aucune chance de perdurer.

VU Au Théatre des Barriques, AVIGNON OFF 2014. Quoi de mieux, pour terminer une longue journée, pleine de textes graves, qu'un texte presque mythique et plein de rebondissements, l'adaptation théâtrale de Malevil, la "robinsonnade post apocalyptique" de Robert Merle, écrite en 1972, dans laquelle l'auteur se demande comment il est possible de reformer une démocratie sans tomber dans des errements anciens.. D'autant que nous avons retrouvé là Philippe Pierrard, le sinistre docteur Miranda de La Jeune Fille et la Mort, qui interprétait là, avec autant de brio, le bien peu recommandable Fulbert (un faux prêtre qui dirige La Roque, autre village survivant à la bombe, d'une main de fer, utilisant la religion, en particulier la pratique de la confession, pour asseoir sa tyrannie). Le roman est fort bien rendu, les caractères essentiels des personnages sont clairs, l'intrigue est respectée, et les comédiens sont tous excellents, parfaitement distribués. La tension dramatique est forte, faisant de cette adaptation réussie une pièce à part entière. Ceux de Malevil est vraiment une réussite et un spectacle à voir.

Vraiment heureux davoir pu les voir a Avignon. Tres belles réalisation, un jeux tres fort de la part des acteurs. Deux heures qui sont passées a un vitesse folle. Le jeu des acteur vous emporte et vous lache pu jusqu'au bout.

Une atmosphère dense, épaisse, des questions plus qu'existencielles se mêlent ici dans ce monde de survivants. Des personnages bien campés et illustrant chacun une image, une vision du monde dans lequel ns pouvons tous ns y retrouver. De très bons comédiens, j'ai aimé emmanuelle et un coup de coeur particulier pour colin dans sa perte d'identité.

Hormis le personnage de Peyssou qui apparaît un peu trop décalé à mon goût par rapport au roman (seul à parler en patois, je trouve qu'il passe un peu trop pour un simplet), les personnages sont biens campés et servis par des acteurs de talent qui jouent leur rôle avec sincérité. La mise en scène est très réussie et l'atmosphère angoissante du roman liée à l'enfermement ressort bien à travers le choix d'un décor unique. Bref, à ne pas manquer pour les inconditionnels du roman.

Sujet d'actualité s'il en est, incarné par une troupe d' un très bon niveau! vous ne pourrez pas rester insensible!

Il ne reste plus que quelques jours pour passer un très beau moment d'une grande intensité, fidèle à l'esprit de Robert Merle. Bravo aux comédiens qui servent magistralement une mise en scène très réussie. Félicitations pour ce très beau travail collectif et vivement que "Ceux de Malevil" soient reprogrammés.

Je pense que quand on sort d'une représentation en voulant lire le roman qui a inspiré la pièce est plutôt bon signe ! Les acteurs jouent avec énergie et conviction, la mise en scène est simple et n'estompe pas le texte, et le sujet est traité avec discernement, sans complaisance ni parti pris. Une bonne soirée...