Dementia Praecox dans le processus spatial

La farce tragique de l'humanité se lit dans les tréfonds internés en chacun de nous. Comme dans le grand monde, on y gesticule beaucoup, on hurle on rit on chante, on essaie d'en dire un mot, et puis s'en vont.

Il est un endroit au monde où l'on peut, presque à volonté, s'offrir de revivre un rêve suave et fou dont on vient de se réveiller : le T.E.C. Je viens donc de me payer une resucée de "Dementia Tremens", que j'avais vu il y a longtemps, car je savais que ce théâtre, comme les ciels bretons, se renouvelle sans cesse. Pas déçu ! Notamment de redécouvrir la fée... Lizabeth (Czerczuk) en grande forme au milieu de sa troupe digne de la "Monstrueuse Parade" ("Freaks", 1932) de Tod Browning. Sachant qu'ils le redonneront dans quelques semaines, je vais y emmener mes amis de force.

Véritable feu d'artifice polonais hier soir au Théâtre Elizabeth Czerzcuk dans le 12è à Paris. Après la première fusée Dementia Praecox tirée en 2016, Dementia Tremens nous offre un explosif bouquet final, tiré par la Maître artificier Elizabeth Czerczuk, d'après Le Fou et la Nonne de Stanislas Witkiewicz. Nous étions nombreux, comme moi, à nous presser dans ce lieu magique, pas un seul siège de libre. L'adaptation et la mise en scène chorégraphiée d'Elizabeth Czerczuk ne cessaient de nous surprendre. Tous les artistes, danseurs, comédiens étaient à la hauteur du spectacle. A chaque instant il se passait quelque chose, sous nos yeux, ou sur le pan incliné, ou dans les gradins. Le public était sollicité mais jamais agressé. Tout était réglé à la perfection, nulle place à l'improvisation, musique, éclairages savamment dosés, de la tristesse, de la joie, des chants. Elizabeth Czerczuk, comédienne, amenait une certaine poésie dans le spectacle, tout comme son comédien fétiche Zbigniew Rola. La fin de la soirée s'est déroulée dans le petit jardin du théâtre autour d'un verre.

Toujours plus haut Toujours plus fort Jamais la même chose Dans cette nouvelle version de Dementia Tremens, Elizabeth Czerczuk arrive à nous surprendre encore, par son talent de créatrice, de metteure en scène. Ses artistes sont de haut niveau et très investis. Bravo encore Madame, votre théâtre mérite vraiment d'être connu et reconnu. Hetty75

C'est très rare d'assister à un spectacle qui touche autant. Dès qu'on entre dans le théâtre on est émerveillé par des objets surréalistes, des mannequins, des photos... C'est clair, on n'est pas à la Comédie Française mais je dirais plutôt à la Comédie Polonaise! On y voit des affiches du dramaturge polonais Tadeusz Kantor, mais aussi de la chorégraphe allemande Pina Bausch. Le spectacle commence lorsqu'au moins une dizaine de personnages, qui semblent sortis d'un asile psychiatrique d'une autre époque, viennent nous chercher dans le hall du théâtre en chantant "Youkali" de Kurt Weill, accompagnés par un accordéoniste. On est bien plus proche du théâtre immersif que du théâtre disons classique. Une fois arrivé et assis dans la grande salle du théâtre c'est comme si on était immergé dans un tableau vivant et sonore, digne de Jérôme Bosch ou Salvador Dali, bref vraiment magnifique. A conseiller vivement !

Les artistes envahissent le hall puis le bar, bizarrement vêtus, riants ou pleurants, d'autres fous tout simplement. Un peu inquiète je me réfugie dans un coin mais une jeune femme tout de blanc vêtu me prend par la main; spectateurs et artistes descendent dans la salle de spectacle et là tout explose, un véritable feu d'artifice jusqu'à la fin. Les tableaux s'enchaînent les uns après les autres, la musique nous envoûte, les danses, les chants, les rires, les pleurs, mes yeux ne sont pas assez grands pour tout voir tant il se passe quelque chose dans cet espace scénique. Je n'ai pas vu le temps passé, mais c'est sûr je reviendrai.

Wahou! Quel choc! Nous sommes vraiment en plein dans l'art cathartique; mise en scène top, les artistes se donnent à fond, musique, costumes tout est à la hauteur dans Tremens. Un spectacle rarement vu à Paris. Bravo Madame Czerczuk.

Je me laisse toujours surprendre car Elizabeth Czerczuck a une imagination créative débordante; la représentation de " Tremens " n'y échappe pas, la folie règne à tous les étages, du bar jusqu'à la salle de spectacle, les artistes nous entraînent dans leur monde de folie, ou peut-être devrais-je dire, dans le monde que nous côtoyons chaque jour hélas. Les lumières s'éteignent, la musique est déjà présente, Elizabeth Czerczuk descend un plan incliné, à petits pas, berçant son ours fétiche, elle marche comme une marionnette et disparaît. Les artistes s'animent, un danseur, qui pourrait faire penser à Valentin le désossé, fait une prestation éblouissante plein de souplesse et d'agilité. Bien vite les artistes se regroupent sur le plan incliné et forme comme un tramway subissant les chaos de la route, certains parlent, d'autres chantent. Changement de tableau nous les retrouvons assis derrière des bancs, un livre à la main, lentement dans une harmonie parfaite du geste il l'ouvre lentement, une femme se lève, une question dit-elle. La folie reprend, un chant, la guerre, la mort, les artistes tombent à terre. Comme pour le début Elizabeth Czerczuk apparaît mais pour remonter le plan incliné cette fois, à son passage les artistes se relèvent et ... je n'en dirai pas plus, sinon que c'est un spectacle à ne pas rater.

Elizabeth Czerczuk nous invite à un fabuleux voyage dans la folie. Alter Ego théâtral de Stanley Kubick elle nous invite à un voyage dans la catharsis. Elisabeth invente le "2001 Odyssée de l'espace" de la démence. L'Art guide l'intensité de la folie vers le mystique et le spirituel.

Evidemment si vous n'aimez pas le théâtre vous n'avez rien à faire ici au pied des Colonnes du Trône , au coeur du vieux village de Picpus . Mais si vous avez toujours regretté d'avoir loupé les tragédies grecques et les mystères du Moyen-Age . Mais si vous vibrez au son de la voix humaine criant les damnations de cette race , si vous vous envolez dans le jeu des acteurs .. Alors courez vite du côté de la rue Marsoulan , il n'y en aura pas pour tout le monde et les représentations de Dementia Tremens sont comptées . Et vous serez heureux d'avoir lu ces quelques lignes .