Kiki reine de Montparnasse

Pour évoquer les années folles, Muriel Marschal convoque Kiki de Montparnasse, une Reine de la nuit déchue et oubliée mais qui pourtant personnifie l'état d'esprit qui présidait alors. Une époque qui se relevait de la Première Guerre mondiale et qui ne se souciait de rien d'autre que de vivre pleinement, de vivre intensément, de vivre, tout simplement. Une époque qui découvrait le potentiel et les espoirs de technologies alors nouvelles. Les rapports entre les hommes et les femmes sont rugueux, dans le Montparnasse de cette période, comme dans tout Paris aujourd'hui, la culture fait coexister misère et cupidité, bourgeois désargentés et de demi mondaines intéressées. Toutes choses égales par ailleurs, une époque finalement pas si différente de la nôtre, cent ans après. Pendant une heure, on virevolte entre musique et joie de vivre, amours et alcools, déguisements, bals costumés et coco plein les narines (déjà !). Sur scène, Muriel Marschal met en scène une vision délibérément positive des choses et des êtres. Des récits, des dialogues, de la musique, des chansons, des textes. Le spectacle invente un genre nouveau, à mi-chemin entre one woman show et théatre. On pourrait presque parler de comédie musicale, chorégraphie en moins. Muriel Marschal et Amandine de Doncker (qui, pour l'occasion, transcende le rôle d'accompagnatrice et ose quitter son clavier pour venir en pleine lumière) nous transmettent leur énergie et leur envie de plaisir, leur joie de vivre communicative. Les deux complices virevoltent, s'amusent, rient et jouent. C'est un plaisir de les voir et c'est un bonheur de profiter de l'énergie qu'elles nous transmettent. Alors que nous traversons des heures sombres, que ce moment fait du bien ! Du bien à l'âme, naturellement, mais aussi du bien au corps car rire et ressentir nous permet de ressortir du théâtre détendus et plein d'énergie, prêt à croquer la vie à pleines dents, comme Kiki en quelque sorte.