La Femme comme champ de bataille

Tout était présent pour passer un très beau moment de théâtre: un texte magnifique de Matéi Vysniec, le jeu poignant des comédiennes et une subtile et percutante mise en scène de Lucilla Sebastiani. Bravo!

Un très beau spectacle, le jeu et les mots vous touchent en plein coeur. Dur, mais tellement indispensable! Les paroles profondes plongent dans la profondeur de votre âme. N'y allez pas si vous voulez vous amuser. Allez-y sans hésitation si vous cherchez à ne pas devenir insensible et neutre dans la réalité de ce monde. Les deux talentueuses comédiennes vous accompagneront avec leur jeu inoubliable.

Belle évocation des Balkans, des clichés sur les pays qui composent cette région fascinante. Au-delà de cette description, la tirade qui reprend les formes de la malédiction qui caractérise le récent passé de ces pays rend le spectacle tout à fait bouleversant, et interroge notre humanité.

Remarquable interprétation du texte de Visniec par deux comédiennes habitées par la douleur de leur personnage. La mise en scène sombre et pourtant très vivante nous transporte dans un contexte historique pesant mais dont il est nécessaire de faire vivre la mémoire. C'est en tout cas avec cette impression qu'on ressort de cette pièce qui m'a bouleversé, tant j'ai pu ressentir le poids des atrocités de cette histoire qui nous est proche dans le temps et dans l'espace.

Je suis ressorti enthousiasmé de ce spectacle, qui porte pourtant un regard cru sur l'horreur du viol et de la haine durant la guerre de Bosnie. Une gageure. C'est que la mise en scène est impeccable et les deux comédiennes sont investies de tout leur corps, de toute leur âme. On voit l'humanité de ces deux femmes ressortir malgré tout, malgré la traversée de l'enfer par l'une, et sa visite par l'autre. Et l'enfer est froid et sa brûlure glaciale. Un grand texte parfaitement rendu. A voir absolument.

Enfin, on donne la parole aux femmes, rien n'aurait pu permettre à ces deux femmes de se rencontrer, venant d'univers si différent sans cette guerre des Balkans. Il y avait une telle intensité dans ce texte, si bien interprété par ces deux comédiennes : Audrey LANGE et Lucilla SEBASTIANI. Elles étaient bien chacune dans leur personnage, de la psychologue venant d'Amérique, que de la bosniaque violée et bafouée. La mise en scène était superbe, aussi bien dans la pénombre, de l'ivrognerie que l'interview des deux reporters de guerre, rapportant tous les détails sordides, concernant les viols et la découverte des charniers. Hélàs! on ne sait que trop que cette pratique du viol est toujours d'actualité, tel que les femmes en Syrie subissent les mêmes sévices et sont ensuite rejetées par leurs familles comme des parias, avec interdiction de revoir même leurs enfants. En fait on ne sait pas grand chose de cette guerre des balkans, ce texte nous permet de découvrir à quel point toutes ces nations d'Europe Centrale sont des bombes à retardement. On ne peut que recommander d'aller voir cette pièce, c'est un devoir de mémoire pour toutes ces nations meurtries.

Oeuvre forte, émouvante et dérangeante évoquant un épisode récurrent des situations de guerre où parfois le pardon et la résilience peuvent faire des miracles. C'est probablement la meilleure adaptation de la pièce et sans aucun doute la plus fidèle. Les comédiennes sont inspirées et la charge émotionnelle véhiculée est très forte. Pour prendre conscience que l'espoir est possible même dans des situations en apparence désespérées.

La Femme comme champ de bataille explore une période pas si lointaine et qui fait plus qu'écho aujourd'hui sur l'exploitation du corps de la femme comme stratégie militaire pour détruire l'ennemie. Derrière une mise en scène austère, le travail des 2 comédienness, l'alternance avec la vidéo, on découvre tout un pan d'histoire contemporaine dont les détails effroyables sont racontés au travers du regard de 2 femmes (une occidentale, une yougoslave) que la guerre a réuni. Le récit nous apprend ce que peut être le regard absurde d'une nation, d'un peuple sur une autre nation, un autre peuple jusqu'à la caricature pour mieux hatiser les haines. La guerre des balkans mettra pour la première fois en place le viol comme arme psychologique dont les dégâts peuvent sans commune mesure avec les blessures par balles graver les âmes d'un peuple à jamais, des femmes et donc de l'humanité.

Sujet grave et toujours d'actualité (malheureusement)texte mise en scène,décor, lumière,musique tout est admirable.Et que dire des 2 actrices,juste SUBLIMES Merci beaucoup pour cette soirée très riche en émotions

J'ai été impressionné par la qualité d'interprétation. Audrey Lange, stupéfiante dans tous les registres, étend ici encore plus le champ de ses possibilités... quelle soit froide et technique en psy des charniers ou démontée en ivrogne momentanée... ou que son visage attrape la lumière dans l'ombre du drame. Lucilla Sebastiani-lombard est plus que la femme qui fait de la mise en scène... sur un décor sombre au lumières subtiles elle interprète avec fougue et finesse une femme violée avec toute sa violence et son juste ressentiment. Les Balkans sont vivants ! Grave et troublant. Vous irez, n'est-ce pas !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!