La Mort d'Anna Karénine

vraiment tres très bien joué, émouvant à souhait :-)

J'ai assisté à "la mort d'anna karénine" jeudi 27. Laure Guizerix nous tend la main vers l'esprit torturé d'Anna avec force et réalisme. Il est préférable quand même d'avoir lu l'oeuvre de Tolstoï avant d'y assister. Un petit clin d'oeil au régisseur Benjamain super sympa et amical.

dire que l'on est accroché pendant tout le spectacle. Bravo je ne me suis pes ennuyée malgré un sujet difficile bravo j'y retournerai d'ailleurs.

Le texte est fort et franc. Il est un cri. Un cri d'amour. A la souffrance du sentiment de l'amour vrai, supérieur, celui qui ne se commande pas, qui peut faire mal, répond un questionnement exigeant : Qui je suis ? Qu'est-ce l'amour ? Un voyage au plus profond de soi où l'on trouve tout à la fois le chaos et la délivrance. "On a inventé le respect pour masquer l'absence de l'amour" ; "la méchanceté vaut mieux que le mensonge". Le texte nous interpelle sans relâche. Tout à la fois religieux et agnostique, il nous éclaire. L'artiste, Laure Guizerix, est habitée par quelque chose qui semble naturel, et qu'elle communique. Son interprétation est poignante. Une gare. La nuit est tombée. Il fait froid. Un train va passer. Les deux lames bleutées du réverbère scintillent dans le noir. Le visage et les mains de l'artiste éclairés d'une douce lumière dorée sont Amour. Bravo et merci à l'artiste et à toutes les personnes qui ont travaillé à ses côtés pour réaliser cette représentation. Quelle somme de travail et de talent pour arriver à une telle performance, où tout paraît si naturel. Il faut voir ce spectacle. D'abord pour prendre du plaisir, celui que vous donne une excellente pièce de théâtre sur une vrai scène de théâtre. Ensuite, il faut y aller, pour apprendre. Gérard

4 personnes dans la salle plus un photographe qui nous aveuglé durant tout le spectacle. Impossible de se concentrer sur le spectacle dans ces conditions je ne sais donc qu'en dire....

Ne voyant pas d'issue, au moment où elle va être broyée par la vengeance froide de son mari dans ses aspirations maternelles et dans les impasses de la situation avec son amant, Anna Karénine ira se broyer elle-même. Mais elle commet sa mort comme une protestation de l'amour : imposer à son amant un dernier regard à neuf sur elle, de vérité et d'amour... et de regret ; par le même acte, le délivrer d'elle (échappant elle-même à l'horreur d'être "une pierre à son cou"). Aucune nécessité, pour voir ce spectacle,d'avoir lu le roman - y assister avant lecture serait de toutes façons un formidable tremplin pour se lancer dans le roman. Grâce à une profonde maturation du texte Laure Guizerix atteint un niveau de détachement qui donne à saisir au spectateur l'épure tragique du roman et fait retentir dans son écoute l'intensité de chaque moment comme autant de mines. Son riche tempérament de comédienne nous entraîne dans les affrontements, emportements,tumultes et enfermements de l'héroïne, puis cède tout soudain à un afflux de lumière et de vie dont Anna exalte la joie sensuelle ou tendre.Dans ce mélange de lumière et de ténèbres se fonde, selon Tolstoï, l'existence et la grandeur de l'homme. Mais de cette "double postulation" Laure Guizerix est une rare comédienne à donner l'énergie. Elle incarne le courage de l'héroïne dans sa douloureuse quête de conscience et la force de son dénuement devant les autres. Le sens poétique qui est le sien nous ouvre la richesse onirique du texte. Une soirée de théâtre exceptionnelle, en une heure de temps, avec des moyens on ne peut plus modestes. Bravo.