Le ventre de la baleine

Cette femme, positive de nature, a gâché plusieurs années de sa vie sous le joug et la peur de son mari qui rentre chaque soir dans le même état d'énervement, qui s'alcoolise, la dénigre, la frappe. Autant elle arrive à s'évader en journée en rêvant de voyages, autant à l'approche du retour de son mari elle stresse, révise tous les gestes et attitudes qu'elle pense suffisants pour ne pas subir les foudres de cet homme tyrannique et violent, en vain puisqu'il trouvera toujours un prétexte. Lors de la dernière scène, il lui lance l'assiette à la tête, elle est hospitalisée. Cette fois elle déposera plainte grâce au soutien moral répété d'un policier du Commissariat, où elle s'est rendue quelquefois en se confiant par bribes. C'est de là qu'elle nous parle et qu'elle prendra un nouveau départ : " Je suis au volant de ma vie .. Ici on me parle doucement... la vie me garde avec elle, je me glisse sous son aile " On a besoin d'un moment pour reprendre ses esprits à la fin de la pièce ; c'est joué avec justesse et sobriété, le caractère répétitif de la violence conjugale est bien rendu de même que la peur renouvelée de la femme battue à chaque retour du mari après le travail, les pleurs du mari qui sait qu'il a dépassé les limites, les réconciliations avant les autres violences à venir. Le texte est parfois un peu exigeant mais c'est l'ensemble que l'on retient. A conseiller sans réserve.

Très bonne approche d'un sujet sensible . Avec justesse la comedienne ( Agnès pichois ) nous plonge dans cette horreur. Neanmoins, le tout est traité avec un candeur salvatrice

Agnès Pichois montre ici toute sa palette de comédienne rigoureuse dans une mise en scène très intelligente. Ne la manquez pas.

Une pièce sans concession ni jugement jamais Jouée avec force et justesse par une actrice, seule sur scène, qui mène tambour battant ses personnages avec beaucoup de profondeur, de véracité et de retenue, avec beaucoup de poésie dans le verbe, ce auquel nous sommes peu habitués La mise en scène est " dépouillée ", sobre, mais redoutablement efficace, forte, on arrive au coeur du sujet au rythme de la narratrice, on la suit ...Elle nous transporte dans son univers !!! Sans rien vous dévoiler de plus : j'ai adoré la musique du 1er temps musical avec une chanson de C Ringer (que j'adore à la base ceci étant dit) ainsi que celle de " clôture " avec une reprise masculine d'une chanson de Piaf (il y a trois temps musicaux en tout et pour tout durant la pièce) tous très en lien avec les moments de la pièce Bref, la pièce dure 60mn sans interruption, mais quand elle se termine elle laisse le sentiment d'avoir débuté tout juste 30mn plus tôt. Pas de pessimisme, pas de dramatisation, encore une fois, énergie, justesse et véracité, sans jamais nous sentir plongés dans du " social ", et nous ne voyons pas le temps passer.