2 pianos - 4 mains - 8 mains

Excellente interprétation. Des pianistes très jeunes, un bon répertoire. A recommander vivement.

Très bonne interprétation des pièces, et des choix d'oeuvres très interessant. Un beau concert pour un prix très abordable.

J'avais été intrigué par le titre du concert "4 mains - 8 mains". 4 mains, je voyais bien (qui n'a pas en tête les admirables pièces de Schubert, les danses hongroises de Brahms ou le cycle de Smetana comprenant la si rabâchée Moldau ?), mais les 8 mains me laissaient perplexe. Je dois dire que je n'ai pas été déçu du tout. Voilà au total un concert sympathique et rafraîchissant qui s'est déroulé dans une ambiance bon enfant avec un public acquis d'avance : les organisateurs et les concertistes avaient du emmener familles et amis... La première pièce de Bach fait ressorti ce qu'il faut de la polyphonie naturelle de la pièce même si - à mon goût - le final a été pris avec un peu trop d'alacrité. Le Schubert (des variations sur un thème original) moins célèbre que la fameuse "Fantaisie" n'en a pas moins été extrêmement plaisant à écouter, le sommet étant la variation lente du milieu de l'oeuvre qui rappelle la mélancolie (en moins développée) de tel trio avec piano. Le Mozart m'a - je dois l'avouer - un peu laissé sur ma faim : était-ce le petit manque de rondeur du son ou bien un manque de liant, une deuxième écoute s'imposerait. En deuxième partie, on arrive aux oeuvres les plus intéressantes du programme. Tout d'abord un "Ma mère l'Oye" rendant toutes les nuances du monde de l'enfance et de la féerie propres à Ravel (superbe "Laideronnette impératrice des pagodes") avec l'espièglerie qui convient. Avec la "Valse", on entre dans l'impressionnant tant à l'oreille qu'à l'oeil : quelles admirables recherches sonores et cet impressionnant sentiment d'essoufflement d'un monde (l'empire austro-hongrois d'avant la 1ère guerre mondiale) arrivant à son terme. Un chef d'oeuvre de Ravel mais de la musique toute entière. L’engagement des pianistes tout au long de la pièce n’a pas fait défaut, depuis le commencement dans l’extrême grave avec le rythme de valse surgissant du magma sonore jusqu’à la débauche – quasi orchestrale – de la fin. Admirable… La dernière pièce qui justifiait le titre du concert est une fantaisie (une paraphrase si l’on veut) sur les thèmes si connus de Carmen. Le compositeur est pour moi un parfait inconnu (Wilberg). IL n’empêche que le plaisir est toujours au rendez-vous, même si il ne s’agit là plus de finesse ni de subtilité : le début déçoit un peu avec le thème de l’ouverture repris avec des dissonances écrites un peu comme au hasard du stylo, étrange mais pourquoi pas. En revanche, on ne peut que se laisser gagner par les thèmes qui s’enchaînent sans discontinuer jusqu’à l’accord final : une performance à n’en pas douter. Pour le premier des bis, la poésie retrouvait ses droits avec un arrangement à 8 mains (particulièrement poétique) de la sicilienne de la sonate BWV 1031 pour flûte et clavecin de Bach. On aurait pu redouter un char d’assaut acoustique, nous avons en fait eu droit à une mélopée suave et émouvante de pâtre (sur son rocher comme aurait pu dire Schubert ???). Le deuxième et dernier bis permettait de conclure en fanfare avec la marche de Souza interprétée avec brio et allant : une œuvre que l’on ne peut qualifier de géniale mais qui a le mérite de faire partir le public dans la bonne humeur. Bref, un excellent et divertissant concert !