Avis et critiques : Ne me touchez pas

Belle adaptation que ce duel des vieux amants, qui par moments, dans un huis-clos glacial, avec des mots de notre temps, met à nu les abîmes du désir, les morsures de l'échec, l'âcreté des ressentiments. Les lames hors du fourreau on joue...encore, mais plus comme autrefois ; à fleurets mouchetés. Maintenant on taille, on tranche, on blesse ; sans plus de précaution on conteste la position du mâle dominant. Dès lors, les mots sont des armes dont on use et abuse, qui renvoient chacun à ses désirs, ses manques, ses vertiges et trahisons. " Vous souffrez Valmont ? " Oh que oui ! Le pôvre désormais ne peut " foutre ". Il souffre de ce mal dont il se croyait absous et passe sans transition des abimes du désir aux tourments du coeur ; car il aime ; du moins, il le prétend. Et qui prétend-il aimer ? Une jeunette, pure et dévote ; une femme de devoir qui entend, la sotte, lui résister. Ce faisant Valmont ne cause-t-il pas encore une énième trahison. " On chute par où l'on a trop péché ". Au final ce mâle vagissant, fatigué de lui-même, décrépit de l'intérieur, fatigué de lui-même, s'ennuie dans ce décor minéral et se coupe de tout, tandis que la marquise qui elle aussi se fane, se refuse à capituler et garde son mordant " vous n'existez pas Valmont ". Comme dernière gifle à " l'homo sexus " désincarné, on ne fait pas mieux. Mais comme disait un certain " fallait pas commencer ".

La mise en scène est superbe; Les comédiens très inspirés, mais ils défendent un texte plus lourd que l oeuvre dont il s inspire.