Face de cuillère

Une petite fille qui a un cancer (son entourage la dit attardée mais aussi autiste). Elle dit le désespoir,  l'incompréhension,  son cerveau pas comme les autres,  l'amour de ses parents ou de madame Patate, l'attention des docteurs, Dieu, l'holocauste... Pas gai ? Non, mais si. On oublie la tragédie, le mélo, par le texte et l'interprétation, ses mains retournées, fébriles, son corps déglingué et attentif, sa voix qui voudrait tant chanter la beauté. (Martine Silber)

" J'ai découvert la pièce comme un coup de poignard. Face de cuillère ou comment garder toute l'innocence des mots et des gestes d'une enfant blessée, brisée mais joyeuse et qui inocule l'enthousiasme, frénétiquement, sans tomber dans le mélo facile. C'est tout l'art de Lee Hall. Tout y est : l'angoisse, la souffrance, la mélancolie, la métaphysique, l'histoire et sa grande " Hache ", l'ironie d'un destin, le sourire confiant (accompagné du chant admirable de la Diva Callas) comme un don du ciel.... Le bonheur d'être là, sur ce champ de bataille de la vie dans la candeur essentielle des êtres cléments.

Lucie Lalande sait rendre ce bonheur de persévérer dans l'existence sombre. Nous avons choisi un jeu ferme et balbutiant, compact, brutal et caressant. Une interprétation et une mise en scène inspirées du contraste d'un monde où l'enfance fréquente sans relâche la maturité imposée par les plaies du monde. Théâtre horizontal des frappes de la vie. Théâtre vertical de l'ascension dans le dépassement vers le souffle musical de la beauté. "

Avner Camus Perez