Neandertal

David Geselson signe une très grande pièce au Rond-Point Renaud-Barrault comme on n'en voit pas très souvent, pour ma part de temps à autre dans les théâtres de la Cartoucherie. L'argument supposé, la disparition de Néanderthal, m'a paru plus un discours de surface, non sans puissance, pour laisser cours en réalité à des dialogues confondants d'humanité où il est bien plus question de trouver sa place, dans un monde de solitude, sa place, selon les cas, de père, vrai ou faux, de fils, de femme qui veut être mère à tout prix, de femme qui veut parler à sa fille avant sa disparition , de juif apatride éternellement errant. Derrière un discours pointu et frimeur de génétique, les conversations bouleversantes sont à lire dans des sublimes seconds degrés. On se frôle, on s'envoie des métaphores à peine voilées, on se crie à la gueule tant bien que mal, on se touche enfin. Cette architecture en bouffées explosives de parler-vrai est ahurissante et la mise en scène est remarquable, fabuleuse dans le sens d'aller dans le sens de la Fable qui est, ici, une immense parabole sur l'envie d'exister, de s'ancrer malgré le Déluge, un monde de massacres et/ou d'extinctions annoncées. J'ai apprécié à ce sujet que l'auteur évoque sans fard, mais sans lourdeur, le cauchemar et les cicatrices indélébiles et toujours si présentes de la guerre des Balkans ou du conflit Israeli-palestinien. Menacés d'extinction ? Et pourquoi diable Néanderthal a disparu ? Vous le saurez en regardant cette pièce qui mérite d'être vue et revue, mais son abolition est une question. Un personnage semble avoir le mot de la fin. Quelle que soit la destruction, ma place n'est-elle pas aussi et surtout la langue où j'habite ? Ces deux heures trente savoureuses auront alors fait feu de tout bois de tous les écarts de langage et de déclarations subliminales plutôt mal que bien voilées, effervescentes. Le tout est orchestré un peu comme les films complexes de Kusturica (je pense à Underground) où parfois le fil de la cohérence d'ensemble est ténu mais bien présent . Mentions spéciales à l'ouverture dans le noir, hystérique et déjà dans le lapsus, et à deux aveux amoureux magnifiques, magnifiés l'un dans un labo aussi propre et aussi sexy qu'une combinaison de décontamination, l'autre dans l'enfer d'une morgue de Zagreb où l'on parle morcellement et génocide . Quel chef-d'oeuvre ! Les comédiens sont parfaits de vérité.

Spectacle très surprenant, des interactions que je n'ai pas toujours compris( c'est bien dommage).c'est long mais ça le fait. Le problème c'est les 2 dernières phrases du spectacle qui mérite des explications, c'est la vérité ou est-ce une boutade. J'en suis ressorti extrêmement frustré

On sort de ce spectacle en mode interrogatif, recherchant à relier tous les aspects de cette pièce. Une quête scientifique se mêlant à une quête personnelle mais aussi humaine, universelle, historique. Mais j'y vois aussi un message d'amour et d'appel à la paix. Très belle mise en scène et scénographie, très bons comédien(ne)s.

Belle soirée, sujet scientifique abordé de façon très humaine. Les acteurs sont très bons, la mise en seine incroyable et le musicien qui accompagne la troupe juste génial ! A voir.

Spectacle vraiment utile et d'une réelle créativité ! Si la science, le rationnel pouvait nous aider à rendre les humains intelligents! Bref un spectacle très riche je recommande !

Improbable. C'est peut-être le mot qu'on a sur le bout de la langue en sortant de la pièce, pour qualifier ce qu'on vient de voir. Improbable, d'abord, de se retrouver nez-à-nez avec l'auteur-metteur en scène-acteur (et sa voix bien connue) à l'entrée du théâtre. Il vous remet une petite pierre, "un cadeau dont [on] vous [expliquera] à quoi il sert plus tard". On soupçonne que c'est un moyen de mesurer l'attention des spectateurs pendant le spectacle : gardez la pierre dans votre main, et au premier assoupissement, POC ! Le caillou tombe par terre. Vous en entendrez quelques uns, des "POC !", durant ces 2h25 de spectacle... Et même des spectateurs qui n'oseront pas rester jusqu'au bout. Car il faut bien le dire, la mise en scène est certes splendide, ingénieuse et technologique, le fond est un peu confus et il faut s'accrocher pour essayer de saisir où la troupe veut nous emmener. À la fin de la pièce, pourtant, on voit la lumière (littéralement, tant les jeux de lumière sont fascinants durant toute la pièce). Oui, l'ADN est bien le lien entre toutes ces histoires. Un sujet de recherche, à la question "d'où venons-nous ?". Un sujet de réponse, face à la maladie (héréditaire). Le fruit de millions d'années d'évolutions (de contaminations !), qui paradoxalement nécessite une obsession de la pureté, de l'extermination du moindre agent différent, contaminant, pour l'isoler dans un laboratoire... Ce qui nous fait croire différents (les deux peuples de chaque côté de la frontière). Ce qui nous rapproche même quand on souhaiterait rester éloignés (un père et son fils, par exemple). Oui, cette pièce de 2h25 est une torture pour le spectateur, une torture inutile. Mais pour paraphraser David Geselson dans son plaidoyer final, inutile donc absolument vitale !

Une pièce réflexive sur l'ADN, la filiation et le sens de l'histoire. À voir absolument. Mise en scène et jeux d'acteurs tres justes.

Derrière les scientifiques qui cherchent à percer le mystère de l'ADN, des hommes et des femmes qui s'aiment et se déchirent, et sont aux prises avec la guerre, la maladie, la mort... Vie privée et recherche se mêlent, leurs différentes découvertes, bouleversent la vision de l'histoire des origines et brisent toutes les poncifs de pureté raciale ou ethnique. Et surtout...."continuer à raconter" le mythe non encore écrit, à l'écart des traditions, des religions ... Passionnant, dense, brillamment mis en scène et interprété, ce spectacle est à mes yeux une ode à la démocratie.

Intelligent et excellemment bien joué

Totalement inattendu. En affirmant chercher ce qui sépare scientifiquement, factuellement, Sapiens de Neandertal la pièce nous invite à relire ce qui fonde notre humanité. Beaucoup de thèmes sont mêlés et résonnent tout du long, j'y ai trouvé une certaine poésie. Bravo également pour la scénographie, et cette idée de dessiner sur le sable, on y placera l'imaginaire que l'on veut.. Etrangement j'ai trouvé que la piste israélo-palestinienne, importante dans la pièce, est totalement occultée des divers documents qui la présentent. Quelques longueurs à mon sens, mais une surprise agréablement déconcertante.